Hollande ira à Kinshasa, et promet de « tout dire » et de rencontrer l’opposition

François Hollande a tranché: il se rendra bien, en octobre, en République démocratique du Congo pour le sommet de la Francophonie. Mais, pour ne pas servir de caution au régime de Joseph Kabila, le président français promet de « tout dire » et de rencontrer l’opposition.

Hollande ira à Kinshasa, et promet de « tout dire » et de rencontrer l’opposition © AFP

Hollande ira à Kinshasa, et promet de « tout dire » et de rencontrer l’opposition © AFP

Publié le 27 août 2012 Lecture : 3 minutes.

Cette visite en RDC – ancien Congo belge et ex-Zaïre – sera le premier voyage officiel en Afrique du nouveau président français élu en mai.

Ces derniers mois, plusieurs associations congolaises et françaises avaient demandé au président français de « ne pas se rendre à Kinshasa », pour éviter de conforter le régime autoritaire et contesté de Joseph Kabila.

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Au pouvoir depuis 2001, Kabila a été élu à la présidentielle de 2006, réélu en 2011, mais ces scrutins ont été entachés d’irrégularités relevées par des missions d’observation nationales et étrangères. Et le pays reste en guerre dans l’Est où des combats opposent depuis mai l’armée à des mutins.

Lundi, dans un discours évoquant la « nouvelle donne » qu’il veut établir avec l’Afrique, M. Hollande a souligné l’importance d’un « enjeu »: « en 2050, 80% des Francophones seront africains, 700 millions de femmes et d’hommes ».

Puis il a officiellement confirmé sa participation au 14e sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), prévu du 12 au 14 octobre à Kinshasa.

« J’y rencontrerai l’opposition politique, les militants associatifs, la société civile. C’est le sens de la nouvelle politique africaine de la France: tout dire partout et faire en sorte que ce qui soit dit soit fait », a-t-il assuré.

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Cette annonce met fin à un débat « ira ou n’ira pas à Kinshasa? » sans réel suspense. « Cela aurait vraiment été rêver que de croire que le président français ne vienne pas à un sommet sur la francophonie », a aussitôt commenté le porte-parole du gouvernement congolais, satisfait.

Pays francophone le plus peuplé au monde, la RDC n’a jusqu’à présent jamais accueilli de sommet de la Francophonie. En 1991, la conférence prévue à Kinshasa avait été délocalisée à Paris en raison des violations des droits de l’Homme du régime de Mobutu (1965-1997), rappelle-t-on à l’OIF.

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Cette fois encore, le principal parti d’opposition en RDC, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), avait réclamé la délocalisation du sommet.

Mais d’autres voix s’étaient élevées pour plaider une participation au sommet de Kinshasa pouvant permettre de « briser l’isolement des militants des droits de l’Homme locaux », selon le député socialiste français Pouria Amirshahi.

« Il aurait été très facile de dire à propos de Kabila: +ce type-là est infréquentable, je ne le fréquente pas+, mais un boycott ne ferait en rien avancer la situation en RDC », a également plaidé Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), interrogé par l’AFP. « Certes, Hollande n’ira pas faire un procès de Kabila mais il pourra faire passer un message fort », a-t-il estimé.

Le 9 juillet, M. Hollande avait lui-même affirmé: « les autorités de la RDC doivent démontrer leur réelle volonté de promouvoir la démocratie et l’Etat de droit », dans un pays marqué en 2010 par l’assassinat du militant des droits de l’homme Floribert Chebeya.

Depuis, le pouvoir congolais a mis à l’ordre du jour parlementaire un projet de réforme de la Commission électorale, évoqué la création d’une commission des droits de l’Homme. . . « Des résultats encore bien trop minces pour être satisfaisants », juge Cécile Marcel de l’Acat (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) France.

« François Hollande aurait parfaitement pu se faire représenter à Kinshasa par un ministre » et « a manqué l’occasion de concrétiser la rupture promise », a estimé le président de l’association Survie, François Tarrit. « Il ne se démarque pas vraiment de la politique africaine de son prédécesseur. Nicolas Sarkozy était allé en 2009 en RDC et on avait vu cela comme un empressement à aller gagner des marchés pour la France », a-t-il rappelé.

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