Nigeria: Amnesty dénonce l’incapacité de Shell à enquêter sur les pollutions de pétrole

L’organisation Amnesty International a dénoncé vendredi comme un véritable « fiasco » l’enquête interne de Shell sur ses fuites de pétrole au Nigeria, pays où la compagnie a été condamnée à une amende administrative de 5 milliards de dollars.

Nigeria: Amnesty dénonce l’incapacité de Shell à enquêter sur les pollutions de pétrole © AFP

Nigeria: Amnesty dénonce l’incapacité de Shell à enquêter sur les pollutions de pétrole © AFP

Publié le 3 août 2012 Lecture : 2 minutes.

« Quoique Shell dise sur les fuites, la compagnie a constamment pris le sabotage comme prétexte pour échapper à ses responsabilité dans la pollution massive due à son incapacité à entretenir ses infrastructures », a déclaré dans un communiqué Audrey Gaughran, directrice internationale à l’organisation de défense des droits de l’Homme.

« Le processus d’enquête sur les fuites de pétrole dans le Delta du Niger est un fiasco », a déclaré Mme Gaughran en parlant de la fuite survenue dans cette région extrêmement polluée après plus de 50 ans d’exploitation pétrolière dans le pays, premier producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne.

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Amnesty, dont le siège est à Londres, a accusé le groupe pétrolier anglo-néerlandais de nier l’évidence: la dernière pollution du champ de Bodo Creek dans le Delta, découverte en juin, provenait de la corrosion d’un oléoduc.

Bodo Creek a subi d’importantes fuites de pétrole en 2008 pour lesquelles le géant pétrolier avait été poursuivi devant un tribunal londonien par 11. 000 habitants de la région.

Interrogé par l’AFP, Shell Nigeria n’a pas souhaité réagir jeudi aux allégations d’Amnesty.

Celle-ci précise avoir demandé à la compagnie américaine Accufacts d’examiner les photographies du pipeline de Bodo Creek avant les fuites de juin.

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Selon Amnesty, Accufacts a noté « des manques de couches de métal sur le dessus du pipe-line », ce qui est un « modèle très habituel » de corrosion.

« Shell avait indiqué que les fuites par endroit semblaient être du sabotage et a complètement nié l’effet de la corrosion », affirme encore Stevyn Obodoekwe du Centre pour l’Environnement, les droits de l’Homme et le développement (CEHRD), qui cosigne le communiqué avec Amnesty.

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Le sabotage est un problème qui empire dans le Delta, où les voleurs de pétrole font souvent exploser les pipe-lines pour syphonner le pétrole brut et le vendre au marché noir.

Selon certaines estimations, le Nigeria perd 150. 000 barils de brut par jour dans les vols.

Shell a admis sa responsabilité dans la catastrophe de Bodo en 2008, bien qu’elle ait réduit la quantité de pétrole fournie dans ce secteur et invoqué le vandalisme.

Les estimations sur le montant des pertes vont de 1. 640 barils à plus de 60 fois ce nombre.

En juillet, le Nigeria a infligé une amende de 5 milliards de dollars (4 milliards d’euros) à Shell pour une fuite de pétrole survenue sur une installation offshore du champ de Bonga en décembre 2011. Environ 40. 000 barils de brut s’étaient alors déversés dans le Golfe de Guinée.

La compagnie a contesté l’amende et indiqué qu’il n’y avait pas de preuves de sa responsabilité dans les fuites.

Une enquête scientifique sans précédent de l’ONU en 2011 avait établi l’étendue et l’impact de la pollution pétrolière dans l’Ogoniland, au coeur du delta du Niger. Elle estimait que cette marée noire prolongée pourrait nécessiter l’opération de nettoyage la plus vaste jamais entreprise au monde et durer 25 à 30 ans.

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