Maroc: un vent froid venu d’Europe souffle sur l’économie

Un vent froid venu d’une Europe en crise souffle sur l’économie marocaine qui revoit sa croissance à la baisse, après une décennie plutôt faste.

Maroc: un vent froid venu d’Europe souffle sur l’économie © AFP

Maroc: un vent froid venu d’Europe souffle sur l’économie © AFP

Publié le 25 juillet 2012 Lecture : 3 minutes.

Tourisme européen en berne, investissements étrangers en recul, gonflement du déficit budgétaire (+6%) et commercial: les effets de la récession de l’Europe, principal partenaire du royaume, se font ressentir sur l’activité économique de ce voisin d’Afrique du nord.

« L’environnement international s’est beaucoup détérioré depuis le premier trimestre, avec des croissances nulles et une situation de récession dans les pays partenaires » du Maroc, a récemment indiqué le gouverneur de la Banque al Maghrib (banque centrale), Abdellatif Jaouahiri.

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Du coup, le taux de croissance pour 2012 sera inférieur à 3%, en nette baisse par rapport aux 4,8% prévus dans le budget, a-t-il pronostiqué.

Au premier trimestre, il a été de 2,8% en glissement annuel contre 5,6% pour la même période de l’an dernier, selon le Haut Commissariat au Plan (HCP).

En cause: la mauvaise saison agricole (qui compte pour environ 15% du PIB) et l’affaiblissement de l’activité dans les pays partenaires.

« La crise en Europe se répercute chez nous et son aggravation risque d’affecter encore plus l’activité au Maroc. Cependant, le pays a engagé des réformes depuis plusieurs années qui lui permettent de tenir le coup », indique à l’AFP l’économiste Salah Haroun.

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De fait, si les investissements directs étrangers ont nettement reculé ces deux dernières années, le royaume s’est engagé dans des projets importants d’infrastructures (ports, routes, zones franches, industries exportatrices) pour préparer l’avenir.

Lundi, lors d’une conférence internationale organisée par la plus grande banque marocaine Atijarawafa Bank, la nouvelle présidente du patronat marocain Miriem Bensalah Chakroun a invité les entreprises locales à faire du Maroc un hub vers l’Afrique et une passerelle vers le Moyen Orient.

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Bénéficiant d’une législation favorable, des industries internationales exportatrices s’implantent d’ailleurs de plus en plus au Maroc (le groupe automobile Renault, l’avionneur Bombardier) investissant des centaines de millions de dollars dans l’économie.

Ces projets restent cependant peu créateurs d’emplois dans un pays de 33 millions d’habitants où la majorité de la population vit dans la pauvreté et où le chômage touche notamment les jeunes.

Après avoir flirté avec une croissance moyenne de 5% ces cinq dernières années, les bases de l’économie restent fragiles et éloignées des performances des pays émergents.

Moteur de l’économie, le tourisme a démarré l’année sur une note négative. Il a bouclé les six premiers mois avec des nuitées dans les hôtels classés en baisse de 4% par rapport à la même période de l’exercice précédent, avec un recul des visiteurs français, espagnols et allemands.

« Le taux d’occupation est très moyen, le secteur a trop construit d’hôtels ces dernières années, aujourd’hui quasi-vides et l’arrivée du ramadan en plein été n’arrange rien », indique à l’AFP sous couvert de l’anonymat le gérant d’un grand hôtel de Marrakech, principale destination touristique du Maroc.

Le tourisme constitue avec les exportations de phosphates et les transferts des Marocains de l’étranger (MRE) la principale source de devises étrangères du pays.

Ces deux derniers secteurs gardent la forme cependant, contribuant à compenser quelque peu l’important déficit commercial qui a atteint au premier semestre le chiffre record d’environ 100 milliards de dirhams (9 milliards d’euros), en raison de la facture pétrolière qui pèse pour quelque 40% des importations.

Heureusement, la croissance de ce pays reste tirée par la consommation intérieure, encouragée par des hausses salariales dans le secteur public et les aides de l’Etat pour contenir les hausses des prix. Avec pour résultat cependant, un déficit public qui a gonflé au-dessus de 6% du PIB.

Dans ce pays très inégalitaire où la grogne sociale perdure, l’Etat a néanmoins une marge de manoeuvre pour remplir ses caisses en taxant les riches fortunes qui jouissent de nombreux privilèges, estiment de nombreux experts.

« L’intérêt des riches au Maroc est de contribuer un peu plus » à ce rééquilibrage, estime l’économiste Saleh Haroun.

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