Procès Habré à Dakar: le changement de régime au Sénégal relance l’espoir

Après des années de tergiversations, le récent changement de régime au Sénégal a relancé l’espoir d’un procès rapide pour crimes contre l’humanité de l’ex-président tchadien Hissène Habré à Dakar, où il vit en exil depuis plus de 20 ans en toute impunité.

Procès Habré à Dakar: le changement de régime au Sénégal relance l’espoir © AFP

Procès Habré à Dakar: le changement de régime au Sénégal relance l’espoir © AFP

Publié le 21 juillet 2012 Lecture : 2 minutes.

Depuis son élection en mars face à Abdoulaye Wade, au pouvoir depuis 2000, le nouveau président Macky Sall a multiplié les signes de bonne volonté en faveur de l’organisation au Sénégal d’un procès de Hissène Habré, au pouvoir de 1982 à 1990 à N’Djamena, et dont le régime est accusé de la mort de 40. 000 personnes.

Deux mois après sa prise de fonction, Macky Sall mettait en place un « groupe de travail » dont la mission « est de réfléchir sur les modalités pratiques de préparation et d’organisation du procès (. . . ) conformément aux engagements internationaux du Sénégal et avec le soutien de l’Union africaine (UA) ».

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Puis, il a à plusieurs reprises déclaré publiquement qu’il voulait que Habré, 70 ans, confortablement installé à Dakar depuis qu’il a été chassé du pouvoir fin 1990, soit rapidement jugé au Sénégal, la dernière fois le 15 juillet devant ses pairs africains réunis en sommet à Addis Abeba.

Vendredi, après un arrêt contraignant de la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye ordonnant au Sénégal de juger Habré « sans délai » ou de l’extrader, le ministère sénégalais de la Justice a réitéré sa « ferme volonté » d’organiser le procès d’ici fin 2012.

« En atteste la mise sur pied d’un groupe de travail et l’ouverture » vendredi matin à Dakar « de concertations avec les experts de l’Union africaine (UA) pour étudier les modalités pratiques de ce procès », selon le ministère.

La réunion de concertation UA/Sénégal, qui doit de poursuivre jusqu’à mardi, doit en particulier plancher sur le type de juridiction à même de juger l’ex-président tchadien.

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Tribunal « mixte »

« La formule envisagée, c’est de partir de la juridiction sénégalaise qui va être réaménagée pour tenir compte de la spécificité du dossier et intégrer une composition mixte », a déclaré à l’AFP Marcel Mendy, porte-parole du ministère de la Justice. « Il y aura des juges sénégalais et également des magistrats qui viendront de l’étranger », a-t-il ajouté.

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Ces engagements du nouveau régime contrastent avec l’attitude de l’encien président Abdoulaye Wade qui, après avoir accepté en 2006 de juger Habré à la demande de l’UA « au nom de l’Afrique », a traîné des pieds, invoquant tantôt des questions de compétence de la justice sénégalaise, tantôt des problèmes d’argent.

Jusqu’à décider en juillet 2011 de l’expulser à N’Djamena, avant de revenir sur sa décision sous la pression des défenseurs des droits de l’Homme et de l’ONU qui jugeaient inacceptable un retour d’Habré dans son pays où il a été condamné à mort par contumace en 2008 pour « atteinte à la sécurité de l’Etat ».

Les engagements de Macky Sall et de son gouvernement doivent désormais être suivis d’effet, selon Reed Brody, chargé du dossier Habré à Human Rights Watch (HRW). « Il faut que cette volonté se traduise par des actes concrets », a-t-il déclaré.

Clément Abaïfouta, président au Tchad de l’Association des victimes de répressions politiques, s’est déclaré « déçu » que la CIJ n’ait pas ordonné l’extradition de Habré vers la Belgique, pays où plusieurs plaintes ont été déposées contre lui et qui est prêt à le juger.

« En ce moment, c’est vrai que le président Macky Sall a manifesté sa volonté, mais nous sommes toujours sceptiques », a affirmé M. Abaïfouta.

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