Cameroun: le musée national revit après une importante rénovation
Reliques pouvant ôter la vie à un menteur, cloche guérissant le bégaiement de l’enfant, cartes et portraits. . . le musée national du Cameroun qui a rouvert officiellement ses portes vendredi soir à Yaoundé retrace l’histoire du pays, depuis l’arrivée des navigateurs portugais.
Fonctionnant timidement avant sa fermeture en 2008, le musée qui se situe dans l’ancien Palais du gouverneur de Yaoundé, construit en 1930, lui même transformé en Palais présidentiel, a commencé à être rénové en 2009.
Aujourd’hui, cet ensemble bâti sur une superficie de 5. 000 m2 revit, symbolisant « la régénération et la renaissance » de la culture camerounaise, s’enthousiasme Ama Tutu Muna, ministre des Arts et de la Culture. « C’est un lieu où tout l’héritage (culturel, socio-économique et politique) du pays est conservé », précise-t-elle.
« Un voyage dans le Cameroun profond », vante une de ses guides culturelles, Lydienne Biyong.
Ici, un fauteuil en bois matérialisant le trône royal d’un chef traditionnel de l’aire culturelle Grassfiedls (région de l’Ouest et du Nord-ouest) occupe majestueusement une aile de la salle.
Ce trône est complété par deux défenses en bois, disposées de part et d’autre du fauteuil, mais aussi par une gigantesque pipe, de même qu’une lance-canne pour le roi. Il y a là aussi une +crache+ où se conserve le vin du chef, seul à pouvoir le déguster. Posé à même le sol, juste devant le trône, un tissu en peau de panthère symbole la puissance du roi.
– Ensemble royal et masque du chef des chefs –
Non loin de cet ensemble royal se trouve une oeuvre considérée comme l’objet phare de la salle : le « ngiii », un masque en bois issu de la société secrète de l’air Fang-béti (régions de l’Est, du Sud et du Centre).
La forme de l’oeuvre s’apparente à une combinaison du visage d’une antilope à celui d’un lion. Cet objet symbolise le Nnom Ngiii (chef des chefs). En 2011, le président camerounais Paul Biya a été élevé par les chefs traditionnels du Sud, sa région natale, au rang de » Nnom Ngiii ». Il s’était déjà présenté à la première présidentielle multipartite de 1992 comme « L’homme-lion ».
On peut aussi découvrir des reliques. La guide Meyimtchapgnouo pointe notamment une calebasse autour de laquelle sont accrochées neuf petites statuettes, expliquant : « Si vous mentez et qu’on vous fait boire le breuvage de cette calebasse, vous pouvez mourir », explique-t-elle.
L’un des symboles du pouvoir moderne est un fauteuil de fonction du président de l’Assemblée nationale du Cameroun occidental et sur lequel s’est assise la Reine Elisabeth II d’Angleterre lors de sa visite au Cameroun en 1959, un an avant l’accession du pays à l’indépendance.
Les anciens appartements privés du premier président camerounais, Ahmadou Ahidjo, ont été transformés en salles d’exposition, présentant les différentes mutations socio-politiques et sportives du Cameroun.
– Colons et nationalistes face à face –
On y remarque par exemple des portraits de nationalistes camerounais, dont l’incontournable Ruben Um Nyobé, qui ont lutté, au prix de leurs vies, pour l’indépendance du pays.
Des cartes montrent les différentes modifications de la superficie du Cameroun qui est passée de 790. 000 km2 en 1911, alors que le pays était colonisé par les Allemands (1884-1916), à 475. 442 km2 actuellement.
La plus ancienne de ces cartes a été réalisée par les colons allemands et a été déterminante pour que le Cameroun obtienne gain de cause devant la Cour internationale au sujet du différend frontalier de Bakassi avec le Nigeria en 2002. La carte désignait en effet la péninsule comme appartenant au Cameroun.
Ce musée montre aussi les principaux instruments locaux de musique : mvet, castagnettes, sanza et cloches notamment. L’une de ces multiples cloches permettrait de soigner l’enfant de moins de 10 ans du bégaiement.
Le musée présente également une grande fresque aux couleurs vives réalisées par une dizaine d’artistes africains. L’oeuvre a été offerte au Cameroun en juin par une Italienne, Idana Pucci, arrière-petite-fille de Pierre Savorgnan de Brazza.
Explorateur français d’origine italienne, il est connu pour avoir tracé le chemin pour la colonisation française en Afrique centrale mais aussi pour s’être opposé au système des concessions.
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