Deux Français assassinés au Cameroun en deux mois: les expatriés inquiets

La communauté française du Cameroun, même si elle ne se sent pas directement visée, est inquiète après la mort d’un jeune Français tué chez lui à Yaoundé en présence de sa femme, deux mois après le meurtre resté non élucidé d’un autre Français.

Deux Français assassinés au Cameroun en deux mois: les expatriés inquiets © AFP

Deux Français assassinés au Cameroun en deux mois: les expatriés inquiets © AFP

Publié le 11 juillet 2012 Lecture : 3 minutes.

Eric De Putter, 31 ans, docteur en théologie et volontaire de solidarité internationale à l’université protestante de la capitale, a été tué à coups de couteaux dimanche à son domicile du campus de l’université protestante d’Afrique centrale.

Trois jours plus tard, le mobile du meurtre n’est toujours pas connu mais le jeune homme se disait « menacé » et sa mort ne ressemble pas à un crime crapuleux.

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« Dimanche soir (entre 19H00 et 20H00), il (M. De Putter) était chez lui, en compagnie de son épouse (camerounaise) et de leur enfant. Quelqu’un a frappé à la porte. Lorsqu’il a ouvert, le visiteur l’a poignardé à deux reprises », raconte sous couvert de l’anonymat un officier de la police camerounaise proche de l’enquête.

Selon cette source, la piste « du règlement de compte est à suivre de près. Le meurtrier s’est enfui juste près avoir poignardé la victime. Il n’a rien pris alors qu’il avait par exemple un ordinateur portable à sa portée ».

Avant son assassinat, Eric De Putter s’était ouvert à certains proches au Cameroun, décrivant « l’ambiance entre professeur et responsables universitaires comme délétère », ont déclaré à l’AFP des proches de sa famille et de son université.

« A plusieurs reprises Eric s’est senti menacé. (. . . ) Il voulait revenir, car cela ne se passait pas bien », a raconté Diane Thevenon, une amie du défunt, citée par le quotidien français Le parisien mardi.

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« Sur place il avait donné une fausse date de départ avancée d’une semaine », a lui aussi déclaré au Parisien Jean-Luc Blanc responsable des églises protestantes Defap pour laquelle la victime était volontaire.

Personne n’a été encore interpellé mais des voisins de la victime et des responsables de l’université ont été interrogés par la police.

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La communauté française vigilante

En mai déjà, un autre Français, Roger Plantadis, avait été tué à la machette à Douala (sud), la capitale économique du Cameroun, quelques années après l’assassinat par balle en 2007 à Yaoundé de Laurence Vergne, une Française de 31 ans.

« Le décès tragique de M. de Putter a choqué » une communauté française forte de quelque 6. 000 personnes, explique l’ambassadeur de France Bruno Gain.

Dans les deux cas précédents, les enquêtes n’ont révélé ni mobiles ni coupables.

M. Gain souhaite toutefois apaiser les esprits.

« Il y a une insécurité dans les grandes villes mais il n’y aucun élément qui permette d’affirmer que les Français sont en danger au Cameroun ou qu’on s’en serait pris à M. De Putter du fait qu’il était Français », dit-il.

L’insécurité grandissante touche surtout les Camerounais les moins aisés et est principalement faite de braquages de banques et de domiciles, parfois accompagnés de meurtres et de viols régulièrement rapportés dans la presse.

« Nous sommes confrontés à des problèmes d’insécurité comme nous pouvons l’être à Paris (. . . ) Il faut malgré tout être vigilant », assure une Française établie au Cameroun depuis un peu plus d’un an.

« Je ne me sens pas particulièrement en insécurité depuis 8 ans que je vis au Cameroun (à Douala). Mine de rien, on est vigilants. Depuis (le meurtre de dimanche), les Français se téléphonent pour se renseigner sur ce qui s’est réellement passé. Les gens se posent des questions. Ils se demandent s’il y a un sentiment anti-français. A titre personnel, je ne le pense pas », raconte Charlotte Epaka, une autre Française.

Originaire du nord de la France, M. De Putter avait passé deux ans au Cameroun, où on compte près de 80 volontaires de solidarité internationale, et était sur le point de quitter le pays.

La présence française dans cette ancienne colonie allemande passée sous tutelle de la France et de l’Angleterre en 1918 est ancienne et la communauté française demeure l’objet d’un certain ressentiment.

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