Egypte: Mohammed Morsi, un Frère musulman qui veut séduire au-delà des islamistes
Le candidat des Frères musulmans pour la présidence égyptienne, Mohammed Morsi, cherche à gommer une image d’apparatchik islamiste pour se poser en candidat du changement face à son rival Ahmad Chafiq, issu de l’ère Moubarak.
Promesses de préserver les acquis de la « révolution », de ne pas forcer les femmes à porter le voile ou de garantir les droits de la minorité chrétienne: M. Morsi a multiplié les assurances pour tenter de séduire au delà de l’électorat islamiste avant le second tour, samedi et dimanche.
Il a qualifié de « farce » le procès de Hosni Moubarak, où l’ancien président a été condamné à la prison à vie mais plusieurs hauts policiers montrés du doigt dans la répression de la révolte de l’an dernier ont été acquittés.
Cet ingénieur de 60 ans, diplômé d’une université américaine, a été surnommé la « roue de secours » car il a remplacé au pied levé le premier choix de la confrérie, Khaïrat al-Chater, dont la candidature a été invalidée en raison d’une condamnation du temps du président Moubarak.
Peu charismatique, il pose en costume bleu avec un regard timide sur ses affiches qui le montrent au côté d’Egyptiens, dont une femme en niqab ou un pope copte. Semblant sur la défensive lors de ses premières apparitions publiques, Mohammed Morsi n’avait pas le profil d’un favori aux yeux de nombreux experts.
Mais au fil de la campagne, il a pris de l’assurance et du mordant, bénéficiant en outre de l’immense réseau militant des Frères musulmans, la force politique égyptienne la plus importante et la mieux organisée du pays.
M. Morsi a obtenu 24,7% des voix au premier tour, contre 23,6% à M. Chafiq.
Depuis des décennies, les Frères musulmans sont engagés politiquement mais aussi très actifs au plan social et caritatif, ainsi que dans les syndicats professionnels.
« Nous avons contré (la campagne négative) des médias en rencontrant personnellement les gens », a expliqué à l’AFP Essam al-Eriane, vice-président de la vitrine politique des Frères, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ).
Législatif et exécutif
M. Morsi peut se prévaloir de diriger le PLJ, de loin le premier parti du pays avec presque la moitié des sièges de députés depuis les récentes législatives.
Mais cette domination parlementaire est aussi un argument pour les adversaires des Frères qui pointent le risque de voir la confrérie dominer sans partage les pouvoirs législatif et exécutif.
M. Morsi se présente comme le « seul candidat avec un programme islamiste », partisan d’un « projet de renaissance » fondé sur les principes de l’islam. Il souhaite des relations « plus équilibrées » avec Washington et menace de revoir le traité de paix avec Israël si les Etats-Unis bloquent leur aide à l’Egypte.
Né dans le gouvernorat de Charqiya, dans le delta du Nil, M. Morsi est diplômé d’ingéniérie de l’Université du Caire en 1975 et il a obtenu en 1982 un doctorat de l’Université de Caroline du Sud, aux Etats-Unis.
Militant d’un groupe anti-israélien, le Comité de résistance au sionisme, il a consacré le plus clair de son activité aux Frères musulmans.
Il a été élu député en 2000 puis réélu en 2005, avant d’être emprisonné pendant sept mois pour avoir participé à une manifestation de soutien à des magistrats réformistes. En 2010, il est devenu porte-parole de la confrérie et membre de son bureau politique.
Il a été à nouveau brièvement emprisonné le 28 janvier 2011, trois jours après le début de la révolte populaire qui a provoqué la chute de M. Moubarak.
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