Tunisie: l’extradition de l’ex-Premier ministre libyen est « irrévocable »
L’extradition de l’ancien Premier ministre libyen Al-Baghdadi Al-Mahmoudi, incarcéré en Tunisie et réclamé par Tripoli, est « irrévocable », a déclaré vendredi le chef du gouvernement tunisien, Hamadi Jebali dans un entretien à l’AFP.
« Il y a une décision de justice irrévocable (. . . ) Je vous le dis clairement: le gouvernement et l’Etat ont pris cette décision et c’est la seule qui sera appliquée », a déclaré M. Jebali à l’AFP
« Il ne sera pas nécessaire, selon lui, d’avoir la signature du président de la République » pour appliquer l’extradition.
« La constitution tunisienne de 1959 qui soumet l’extradition d’un étranger à la signature du président de la République est devenue caduque » après la chute de l’ancien président Ben Ali, a-t-il affirmé.
« Un avis du tribunal administratif nous confirme que la signature du président n’est pas nécessaire », a insisté M. Jebali.
Le président Moncef Marzouki a déclaré jeudi à la télévision privée tunisienne Hannibal son « opposition de principe » à l’extradition de M. Al-Mahmoudi malgré un « accord de principe » conclu en mai entre les gouvernements des deux pays.
« Je reste opposé à l’extradition, c’est une position de principe, je ne peux pas signer l’extradition de quelqu’un qui risque d’être torturé ou exécuté », a déclaré M. Marzouki, issu d’un parti de gauche allié aux islamistes.
« J’ai dit plusieurs fois à nos frères libyens qu’ils ont le droit de réclamer M. Al-Mahmoudi, comme nous avons le droit de réclamer l’extradition de Ben Ali (le président déchu tunisien réfugié en Arabie Saoudite, ndlr). Mais franchement, si Mahmoudi doit être extradé je préfère qu’il soit livré à un gouvernement élu par le peuple libyen », avait ajouté le président tunisien, connu comme un farouche défenseur des droits de l’Homme.
« Le gouvernement libyen nous a donnés des garanties verbales et écrites de respect des droits de l’Homme, de l’intégrité physique et d’un procès équitable », a déclaré à l’AFP M. Jebali, soulignant qu’un comité tunisien s’était rendu à Tripoli pour s’en assurer.
La Tunisie « ne peut être un refuge pour les criminels, Mahmoudi a commis des crimes odieux. Je ne suis pas prêt à m’aliéner la révolution et le peuple libyen pour ne pas l’extrader », a-t-il dit.
Premier ministre libyen jusqu’aux derniers jours du régime Kadhafi, Al-Baghdadi Al-Mahmoudi, 67 ans, est incarcéré depuis son arrestation fin septembre en Tunisie alors qu’il rendait par la route en Algérie. Il est sous le coup de deux demandes d’extradition des autorités libyennes auxquelles la justice tunisienne a répondu favorablement.
L’ancien président tunisien par intérim Foued Mbazaa avait refusé de signer le décret d’extradition et les organisations des droits de l’Homme locales et internationales s’y opposent.
Le président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme Abdelsatar Ben Moussa qui a rencontré récemment à le prisonnier libyen dans sa prison de Mornaguia, près de Tunis, a indiqué que ce dernier ne refusait pas d’être jugé mais souhaitait l’être dans un pays autre que la Libye, où, selon lui, il n’existe « aucune garantie de procès régulier à l’heure actuelle ».
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