Sierra Leone : jour de vote pour une présidentielle indécise
Les Sierra Léonais ont jusqu’à 17 heures (GMT) pour choisir qui, de Samura Kamara, dauphin du président sortant Ernest Bai Koroma, ou de l’ancien général Julius Maada Bio, candidat du principal parti d’opposition, dirigera le pays.
Quelque 3,1 millions d’électeurs sierra-léonais sont appelés samedi à choisir leur nouveau président pour un second tour très indécis entre l’héritier du président sortant et le candidat du principal parti d’opposition, arrivé de peu en tête au premier tour.
Les 11 122 bureaux de votes doivent ouvrir de 7 h à 17 h GMT à travers ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest. Les premiers résultats sont attendus en début de semaine prochaine.
Lors du premier tour, le 7 mars, marqué par une participation de plus de 84 %, le peu connu Samura Kamara, homme lige du président sortant Ernest Bai Koroma et candidat de l’APC, le parti au pouvoir, avait remporté 42,7% des suffrages. Il avait été devancé par celui du principal parti d’opposition, le SLPP, l’ancien général Julius Maada Bio, avec 43,3% des voix.
Freetown pourrait faire basculer l’élection
« Le duel est trop serré pour dire qui va l’emporter », a déclaré vendredi à l’AFP l’analyste politique Edmond Abu, alors que la campagne a été marquée par des violences sporadiques entre partisans des deux camps et une montée des tensions ethniques.
Les deux partis peuvent en principe compter sur le soutien de leurs fiefs respectifs, dans un pays où les affiliations politiques coïncident souvent avec l’appartenance ethnique ou régionale.
La victoire pourrait dès lors se jouer à Freetown, à la population plus diversifiée, et dans le district diamantifère de Kono, dans l’Est du pays, traditionnellement considéré comme un « swing state », souligne M. Abu.
Quatre jours de report
« Il devrait y avoir un nombre assez surprenant de voix pour le SLPP à Kono et à Freetown », abonde le directeur de l’Institute for Governance Reform, Andrew Lavalie, en soulignant le poids croissant du « vote contestataire ».
Le second tour, entre les deux partis qui se succèdent au pouvoir depuis l’indépendance de cette ancienne colonie britannique en 1961, était à l’origine programmé pour le 27 mars. Mais un recours en justice de dernière minute a suspendu les préparatifs du vote du 24 au 26 mars, obligeant la Commission électorale nationale (NEC) à reporter le second tour de quatre jours.
M. Bio, qui promet de renforcer le système éducatif et a vertement critiqué les liens trop étroits selon lui entre le pouvoir sortant et la Chine, avait fait monter la pression en accusant le président Koroma de « pousser la Sierra Leone au bord du chaos » par des manœuvres dilatoires. Mais les deux candidats ont finalement accepté de bonne grâce le report du scrutin.
Un premier tour salué par les observateurs
« À la NEC, nous sommes prêts à organiser des élections crédibles », a assuré vendredi le président de la commission électorale, Mohamed Conteh, dans un communiqué.
Le matériel électoral a été transporté dans l’ensemble des 16 districts administratifs du pays, à l’exception de la capitale, où il devait l’être dans les heures précédant le début du vote, selon le communiqué.
Depuis plusieurs jours, tout le pays retient son souffle. Des responsables religieux et des associations de la société civile ont multiplié les appels pour que le scrutin se tienne sans violence, à l’image du bon déroulement général du premier tour, qui combinait élections présidentielle, législatives et locales, salué par les observateurs internationaux.
Majorité pour l’APC à l’Assemblée nationale
Si l’administration sortante a réussi à attirer les investisseurs pour reconstruire le pays, dévasté par la guerre civile (1991-2002) qui a fait quelque 120 000 morts, l’économie reste fragile après les chocs de l’épidémie d’Ebola en 2014-2016 et de la chute des cours mondiaux des matières premières.
Jusqu’à vendredi, l’APC, qui entend poursuivre avec M. Kamara le travail de M. Koroma dans le domaine de la santé et des infrastructures, a tenté de rallier à sa cause les électeurs de deux nouveaux partis, le NGC et le C4C, qui ont cumulé à eux deux près de 10 % des suffrages au premier tour, soit une réserve de voix décisive pour les deux protagonistes. Mais ces deux formations ont refusé de prendre parti.
L’issue du scrutin est d’autant plus incertaine que si le candidat de l’opposition a viré en tête à la présidentielle, l’APC frôle la majorité absolue des 132 sièges de l’Assemblée nationale, selon les résultats des législatives encore partiels, une poignée de sièges étant encore à annoncer.
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