Concessions des ports de Conakry et de Lomé : Vincent Bolloré mis en examen
L’homme d’affaires Vincent Bolloré a été mis en examen mercredi soir à Paris dans l’enquête sur des soupçons de corruption dans l’attribution à son groupe de concessions portuaires en Afrique de l’Ouest, a annoncé son porte-parole dans un communiqué.
Affaire Bolloré : l’onde de choc à Lomé et Conakry
Le 25 avril, Vincent Bolloré et deux de ses collaborateurs ont été mis en examen par la justice française pour « corruption d’agents étrangers dépositaires de l’autorité publique », « abus de biens sociaux » et « faux et usage de faux » dans le cadre d’une enquête portant sur les concessions portuaires à Conakry et Lomé. Depuis, la polémique enfle dans ces deux pays d’Afrique de l’Ouest…
Le porte-parole de Vincent Bolloré n’a pas précisé les chefs de mise en examen qui pèsent sur le milliardaire de 66 ans, qui a quitté le bureau des juges sans être soumis aux obligations d’un contrôle judiciaire.
« Vincent Bolloré qui reste présumé innocent pourra avoir enfin accès à ce dossier dont il n’a jamais eu connaissance et répondre à ces accusations infondées », a ajouté son porte-parole dans le communiqué.
Deux collaborateurs présentés aux juges
Le directeur général du groupe éponyme, Gilles Alix, et le responsable du pôle international de Havas, Jean-Philippe Dorent, étaient eux aussi présentés aux juges d’instruction, à l’issue de leur garde à vue entamée mardi matin. Les trois hommes sont susceptibles d’être inculpés ou d’être simplement placés sous le statut de témoin assisté.
Le quatrième homme placé en garde à vue, l’homme d’affaires français Francis Perez, patron de Pefaco, a été remis en liberté en début d’après-midi, sans charge retenue contre lui, a annoncé son avocat Me Jean Robert Phung.
L’enquête, qui vise des soupçons de « corruption d’agents étrangers dépositaires de l’autorité publique », « abus de biens sociaux » et « abus de confiance », est menée par des juges du pôle financier du tribunal de grande instance de Paris.
Les juges d’instruction Serge Tournaire et Aude Buresi tentent de déterminer si le groupe Bolloré a utilisé les activités de conseil politique de sa filiale de publicité Havas pour se voir attribuer la gestion des ports de Lomé, au Togo, et de Conakry, en Guinée, via une autre de ses filiales, Bolloré Africa Logistics, anciennement appelée SDV.
SDV avait obtenu la gestion du port de Conakry quelques mois après l’élection d’Alpha Condé fin 2010, et avait remporté la concession à Lomé peu avant la réélection en 2010 de Faure Gnassingbé.
Des versements au centre de l’enquête
C’est notamment en enquêtant sur le groupe Pefaco, société spécialisée dans l’hôtellerie et les jeux, très implantée en Afrique, que la justice avait resserré ses investigations sur les activités de Vincent Bolloré sur le continent. M. Perez est connu pour entretenir des relations étroites avec Jean-Philippe Dorent.
Selon l’avocat de Francis Perez, les enquêteurs s’interrogeaient sur des versements, d’un montant total de 450 000 euros, effectués en 2010 au profit de M. Dorent.
« Ces quatre virements sont un prêt à un ami qui a fait l’objet d’un acte notarié et qui est remboursé depuis six ans », a déclaré à l’AFP Me Phung, dénonçant des « fantasmes ».
Dans un communiqué publié mardi, le groupe Bolloré a « formellement » démenti avoir commis des irrégularités en Afrique, où il gère 16 terminaux portuaires.
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