Egypte: en campagne pour la présidence, Amr Moussa veut oublier sa période Moubarak

Il est l’un des favoris à la présidentielle égyptienne du 23 mai, mais Amr Moussa, ministre des Affaires étrangères de Hosni Moubarak pendant dix ans, doit encore convaincre les sceptiques qu’il a rompu avec l’ancien régime.

Egypte: en campagne pour la présidence, Amr Moussa veut oublier sa période Moubarak © AFP

Egypte: en campagne pour la présidence, Amr Moussa veut oublier sa période Moubarak © AFP

Publié le 3 mai 2012 Lecture : 3 minutes.

A Rawafi al-Qoussair, l’un de ces villages poussiéreux du sud de l’Egypte, perdu au milieu de champs de blé et de trèfle et comme oublié par les autorités, M. Moussa demande aux paysans de voter avec soin.

« L’Egypte est dans une situation de tumulte. C’est pourquoi je demande à tout le monde de choisir avec une extrême prudence », lance-t-il lors d’un meeting électoral.

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M. Moussa, qui a quitté le gouvernement de M. Moubarak en 2001, était le secrétaire général de la Ligue arabe depuis dix ans lorsqu’un soulèvement populaire a renversé l’ancien président en février 2011.

Pendant la révolte, M. Moussa a estimé qu’il était temps pour « une transition d’une ère à une autre », et a rendu visite aux manifestants de la désormais célèbre place Tahrir.

Mais ses dix ans comme ministre des Affaires étrangères sont revenus le hanter, et ses détracteurs le traitent de « fouloul », un terme utilisé pour qualifier les vestiges du régime Moubarak.

D’autres jugent en revanche que M. Moussa, qui n’a jamais été membre du parti aujourd’hui dissous de l’ancien président, est le seul candidat capable de diriger l’Egypte.

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A 75 ans, Amr Moussa lui écarte ses principaux rivaux, les islamistes, comme des novices.

« Le sentiment grandit dans le pays que nous ne voulons pas être une expérience ou un centre de recherche pour un nouveau président qui ne sait rien de l’Etat », dit-il à l’AFP dans le bus de campagne qui l’emmène d’un village à l’autre.

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M. Moussa a réuni des experts pour écrire un programme de 80 pages, réaliste selon lui. Son équipe de campagne est un mélange d’anciens diplomates et de jeunes libéraux enthousiastes ayant pris part aux manifestations contre Moubarak.

« Il n’est pas déraisonnable (. . . ) de dire qu’il y a beaucoup d’hôpitaux qui ont été construits mais restent fermés à cause de sommes d’argent insignifiantes ou de la bureaucratie », affirme-t-il. « Je crois vraiment à ce que la Constitution américaine dit sur la responsabilité du gouvernement de garantir la recherche du bonheur ».

Eternel diplomate, M. Moussa refuse de critiquer de front les militaires à qui M. Moubarak a remis les rênes du pays et qui se sont engagés à remettre le pouvoir aux civils d’ici la fin juin.

M. Moussa dit ne pas croire que l’armée, des rangs de laquelle chaque président est sorti depuis le coup d’Etat de 1952 contre le roi Farouk, restera au pouvoir en coulisses.

« Quand je serai président, je serai président dans le vrai sens du terme, quoi qu’il en soit », dit-il à l’AFP. Les prérogatives de chef de l’Etat ne sont pas encore connues, car la nouvelle Constitution n’a toujours pas été rédigée.

Les Frères musulmans, qui dominent le Parlement chargé de nommer les membres de la commission constituante, veulent un système parlementaire. Ils ont présenté un candidat à la magistrature suprême, Mohammed Morsi, mais le principal rival de M. Moussa est selon les sondages l’islamiste modéré Abdel Moneim Aboul Foutouh.

M. Moussa, qui fait ses cinq prières par jour même dans le bus de campagne, est le plus laïque des favoris dans un pays où la minorité copte et les libéraux craignent la puissance croissante des islamistes.

Il a été un ministre des Affaires étrangères très populaire. La rumeur dit même que M. Moubarak l’a limogé parce qu’il lui faisait de l’ombre.

Sa popularité « chez tellement de gens en Egypte et dans la région ne mettait pas (Moubarak) à l’aise. Je savais cela », dit-il à l’AFP.

A l’époque, il s’était aussi opposé à la manière dont Israël menait ses négociations avec les Palestiniens. « J’étais d’avis que notre politique envers Israël et les Palestiniens devait se transformer en une campagne active en faveur des Palestiniens par l’Egypte », a-t-il dit.

M. Moussa a campé sur sa position vis-à-vis d’Israël en tant que secrétaire général de la Ligue arabe, et affirme maintenant que les accords de paix de Camp David avec Israël « sont dans un tiroir », bien qu’il estime que l’Egypte doit garder son traité avec l’Etat hébreu.

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