Paris boucle la réorganisation de son dispositif défense en Afrique

La France vient d’achever la renégociation de ses accords de défense en Afrique, une remise à plat annoncée en 2008 par le président Nicolas Sarkozy pour en finir avec des partenariats conclus au lendemain de la décolonisation.

Paris boucle la réorganisation de son dispositif défense en Afrique © AFP

Paris boucle la réorganisation de son dispositif défense en Afrique © AFP

Publié le 20 avril 2012 Lecture : 3 minutes.

L’accord franco-sénégalais signé mercredi à Paris à l’occasion de la visite du nouveau président Macky Sall est le huitième et dernier de la série, après les nouveaux partenariats établis depuis 2009 avec le Cameroun, le Gabon, la République centrafricaine, le Togo, les Comores, Djibouti et la Côte d’Ivoire.

« Ce texte inscrit, comme les sept autres, la coopération bilatérale dans le cadre plus large de l’appui à la mise en place par l’Afrique de son propre système de sécurité collective », souligne le ministère français de la Défense.

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Les nouveaux accords publiés mentionnent explicitement la non-intervention des troupes françaises en cas de troubles intérieurs, mettant un terme au rôle de la France comme « gendarme de l’Afrique ».

Pour les détracteurs de la « Françafrique », les accords issus des indépendances n’étaient qu’un paravent juridique pour justifier l’intervention des troupes françaises, accusées de voler au secours des régimes africains en difficultés.

Désormais, Paris entend accompagner ces Etats « dans l’élaboration de ce dispositif et aider l’Union africaine et les organisations régionales africaines à jouer un rôle plus actif et décisif dans le règlement des crises et le maintien de la paix ».

« La France doit être présente de façon différente en Afrique », avait affirmé le président Sarkozy le 28 février 2008 lors d’une visite au Cap, en plaidant pour de nouveaux accords passés « en toute transparence », « un principe qui n’existait pas auparavant ». Il s’agit d’une rupture annoncée avec les pratiques héritées de la « Françafrique », qui pour nombre d’observateurs tardait à se concrétiser.

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Les nouveaux accords sont « intégralement publiés » et soumis pour ratification au Parlement, qui est ainsi associé aux grandes orientations de la politique française. Seuls les trois derniers – Djibouti, la Côte d’Ivoire et le Sénégal – sont en attente de ratification et ne sont donc pas encore publics.

Le nouveau dispositif français s’appuie désormais sur deux bases opérationnelles, une sur chaque façade continentale, à Djibouti et à Libreville, et deux pôles plus modestes, au Tchad et au Sénégal.

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Le Tchad est lié avec la France par des accords de coopération militaire qui ont notamment conduit depuis 1986 à la présence d’une force française sur son territoire mais n’entrent pas dans le cadre d’un « partenariat de défense ».

Quant aux forces françaises prépositionnées en Afrique, leurs effectifs n’ont cessé de fondre, de près de 30. 000 hommes dans les années 1960, à moins de 5. 000 actuellement. Et l’objectif fixé en 2010 est de les ramener à 4. 100 en 2014.

La France compte actuellement 950 soldats au Tchad et 450 en Côte d’Ivoire, dans le cadres des opérations Epervier et Licorne, 2. 000 à Djibouti, un millier au Gabon et 450 au Sénégal, selon les chiffres de l’état-major.

Baptisé « pôle opérationnel de coopération à vocation régionale », le détachement basé à Dakar doit être ramené à terme à 300 hommes. Il regroupe des instructeurs chargés notamment d’assurer des formations dans les pays du Sahel (Niger, Mali et Mauritanie), l’une de zones de fortes tensions sur le continent.

La réduction du dispositif français en Afrique intervient alors que les forces françaisesont été très engagées en 2011, en Côte d’Ivoire et en Libye.

La France a dans le même temps renforcé sa présence dans la zone sahélienne, notamment en terme de renseignement, depuis le début des prises d’otages d’occidentaux. Un dispositif actuellement « en posture de vigilance », face à la poussée islamiste dans le nord du Mali.

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