Tunisie: les journalistes boycottent le ministre de l’Intérieur sur les violences du 9 avril

Les journalistes tunisiens, brassard rouge au bras, ont boycotté jeudi les explications du ministre de l’Intérieur Ali Larayedh au cours d’une séance houleuse à l’Assemblée constituante consacrée aux violences survenues le 9 avril dans le centre ville de Tunis.

Tunisie: les journalistes boycottent le ministre de l’Intérieur sur les violences du 9 avril © AFP

Tunisie: les journalistes boycottent le ministre de l’Intérieur sur les violences du 9 avril © AFP

Publié le 12 avril 2012 Lecture : 2 minutes.

Venu s’expliquer sur les brutalités policières constatées pendant la répression d’une manifestation interdite lundi dernier au coeur de Tunis, le ministre Ali Larayedh s’en est pris à « une partie de la presse » qu’il a accusée d’avoir « jeté de l’huile sur le feu ».

Les journalistes, qui boycottent le ministre suite à l’agression de plusieurs d’entre eux pendant la manifestation (16 incidents recensés selon l’organisation Reporters sans Frontières), ont quitté la tribune de presse pendant le discours de M. Larayedh.

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Le ministre de l’Intérieur a ensuite diffusé devant les élus une série de photos et de vidéos montrant des policiers blessés ou des manifestants jetant des pierres lors de la manifestation du 9 avril.

« Les médias ont amplifié l’événement d’une manière exagérée, ont parlé de cette manifestation comme si c’était la guerre, mais il n’y a pas la guerre », a déclaré M. Larayedh pendant une suspension de séance.

Pendant ce temps, le président de l’Instance nationale de réforme de l’information et de la communication, Kamel Laabidi, a protesté auprès du chef du gouvernement Hamadi Jebali contre « les agressions répétées » de journalistes, notamment lors de leur couverture de la manifestation du 9 avril.

M. Laabidi, dont l’instance consultative chapeaute le secteur des média, s’est élevé contre « l’impunité des agresseurs », évoquant l’ »agression verbale » d’un député islamiste contre les journalistes de Watanya, la première chaîne de la télévision nationale.

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Autrefois organe de propagande, cette chaîne en pleine mutation, est la cible de protestations contre « l’information de la honte » ou « l’information violet », couleur fétiche de l’ex-président Ben Ali collée à ses partisans.

A Monastir (Est), des journalistes de la radio locale ont organisé un sit-in pour dénoncer « les agressions » contre leurs confrères et les accusations de partialité formulées à leur encontre par des partisans du parti islamiste Ennahda qui dirige le gouvernement.

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A l’extérieur de l’Assemblée, au Bardo, quelques centaines de partisans du gouvernement et d’Ennahda étaient venus manifester leur soutien au ministre de l’Intérieur.

« Il faut arrêter les manifestations, le chaos, et soutenir ce gouvernement qui a la légitimité populaire », a déclaré à l’AFP Faouzia, une femme au foyer.

« Les partis d’opposition ne respectent pas le résultat des élections ni la volonté du peuple », a renchéri un autre manifestant, reprenant l’antienne d’Ennahda qui a accusé des « anarchistes staliniens » de vouloir créer le chaos.

Le gouvernement a annoncé mercredi la création d’une « commission d’enquête indépendante » sur les incidents du 9 avril, et la levée de l’interdiction de manifester sur l’avenue Habib Bourguiba, au coeur de Tunis.

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