Sénégal: Macky Sall, élu président, met fin à 12 ans de pouvoir de Wade

L’ex-Premier ministre Macky Sall est devenu dimanche le nouveau chef de l’Etat sénégalais en battant au second tour de la présidentielle son rival Abdoulaye Wade qui a reconnu sa défaite avant même les résultats officiels d’un scrutin qui s’est déroulé pacifiquement.

Sénégal: Macky Sall, élu président, met fin à 12 ans de pouvoir de Wade © AFP

Sénégal: Macky Sall, élu président, met fin à 12 ans de pouvoir de Wade © AFP

Publié le 26 mars 2012 Lecture : 4 minutes.

En dépit des craintes suscitées par la nouvelle candidature du président Wade, 85 ans, élu en 2000 et réélu en 2007, la victoire acceptée de son ancien ministre et Premier ministre qu’il appelait son « apprenti », est le signe de la vitalité démocratique du Sénégal.

« Mes chers compatriotes, à l’issue du second tour de scrutin » de dimanche, les résultats en cours indiquent que M. Macky Sall a remporté la victoire », a déclaré le président Wade, selon un communiqué diffusé dans la soirée par la présidence.

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« Comme je l’avais toujours promis, je l’ai donc appelé dès la soirée du 25 mars au téléphone pour le féliciter », a expliqué le chef de l’Etat sortant. « Vous avez été nombreux (. . . ) à vous rendre aux urnes et à voter librement, dans le calme et la sérénité », et « je vous félicite tous et toutes pour la part déterminante que chacun de vous a jouée dans ce processus », a-t-il ajouté.

Dans un premier communiqué, la présidence avait fait état du coup de fil du président Wade à son challenger, confirmant l’information diffusée par les médias publics (agence de presse et télévision).

« Ce (dimanche) soir, un résultat est sorti des urnes, le grand vainqueur reste le peuple sénégalais », a déclaré de son côté M. Sall lors d’une conférence de presse dans la nuit dans un grand hôtel de la capitale. « Je serai le président de tous les Sénégalais », a-t-il promis, remerciant notamment le président Wade pour son appel téléphonique. « Ce soir une ère nouvelle commence pour le Sénégal », s’est félicité le vainqueur du scrutin, qui lui aussi a salué la maturité des électeurs et de la démocratie sénégalaise. « L’ampleur de cette victoire aux allures de plébiscite exprime l’immensité des attentes de la population, j’en prends toute la mesure. Ensemble, nous allons nous atteler au travail », a-t-il conclu.

« C’est encore une preuve de la maturité du peuple sénégalais et de la classe politique », a commenté le président de la Commission électorale nationale autonome (Cena), chargée de superviser le scrutin.

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Les premiers résultats officiels n’étaient pas attendus avant mardi ou mercredi, mais les chiffres bureau par bureau égrenés depuis la fermeture des bureaux de vote à 18H00 par les médias sénégalais donnaient M. Sall, 50 ans, en tête dans la plupart d’entre eux.

Avant même l’annonce de sa victoire, des milliers de personnes se sont rassemblées devant le siège de campagne à Dakar de Macky Sall, aux cris de « Macky président », « Cette fois ça y est! » ou « On a gagné » et en dansant au son d’une musique rythmée poussée à fond par une puissante sonorisation.

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Des scènes de liesse similaires ont eu lieu toute la soirée dans plusieurs quartiers de Dakar, y compris au coeur de la ville, Place de l’Indépendance, proche du palais présidentiel.

Hormis l’action d’hommes armés qui ont perturbé le vote dans quelques bureaux en Casamance (sud), région en proie à une rébellion indépendantiste depuis trente ans, aucun incident grave n’a été signalé lors du scrutin dans le reste du pays.

Le Sénégal est souvent cité comme l’un des rares exemples de démocratie en Afrique, en particulier en Afrique de l’Ouest régulièrement secouée par des violences politico-militaires, comme en témoigne le coup d’Etat qui a renversé jeudi au Mali voisin le président Amadou Toumani Touré.

La campagne a donné lieu à quelques incidents entre partisans des deux candidats, sans commune mesure toutefois avec les manifestations et les violences avant le premier tour du 26 février et qui avaient fait entre 6 et 15 morts selon les sources, et au moins 150 blessés.

Thijs Berman, chef des observateurs de l’Union européenne (UE), avait espéré que le Sénégal montrerait « un exemple fort » de démocratie dans la région après le coup de force au Mali. Dès l’ouverture des bureaux, des files d’attente se sont formées, comme au premier tour, où la participation avait tout juste dépassé les 51%.

Candidat à sa propre succession, Abdoulaye Wade était arrivé en tête du premier tour avec 34,81% des voix, suivi de Macky Sall (26,58%).

Mais ce dernier, âgé de 50 ans, a obtenu le ralliement des douze candidats battus du premier tour, qui voulaient barrer la route à M. Wade dont ils jugeaient la candidature « anticonstitutionnelle » après deux mandats. Macky Sall disposait également du soutien de mouvements de jeunes comme « Y’en a marre » et de celui du célèbre chanteur Youssou Ndour. M. Sall a voté dans la matinée dans une école de sa ville de Fatick (centre) et a salué « la mobilisation » des Sénégalais.

Le président sortant a voté en famille dans son quartier du Point E à Dakar, où il a été accueilli sous les acclamations de 200 à 300 partisans. Il a oublié son bulletin dans l’isoloir et est allé le rechercher pour le glisser dans l’urne. Lors du premier tour, il avait été copieusement sifflé dans ce même bureau.

Au total, quelque 300 observateurs étrangers ont surveillé le vote, notamment de l’Union africaine (UA), de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et de l’Union européenne (UE).

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