Sénégal: une longue grève des enseignants compromet l’année scolaire

Une grève des enseignants sénégalais depuis décembre pour de meilleures conditions de vie et de travail menace le système éducatif d’une année perdue.

Sénégal: une longue grève des enseignants compromet l’année scolaire © AFP

Sénégal: une longue grève des enseignants compromet l’année scolaire © AFP

Publié le 22 mars 2012 Lecture : 2 minutes.

Les parents d’élèves s’en inquiètent et le gouvernement met en cause une « surenchère » liée à l’élection présidentielle.

« Les parents d’élèves sont inquiets. Nous risquons d’aller vers une année blanche (nulle et sans examen). Ce serait une catastrophe pour tout le monde », déclare le président de la Fédération nationale des associations de parents d’élèves (Fenapes), Bakary Badiane.

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« Passée cette semaine, nous ne voulons pas d’une année blanche mais nous ne pourrons plus rattraper le temps perdu. Nous n’allons pas sacrifier les élèves en leur demandant de faire les examens en étant sûrs qu’ils vont échouer », a déclaré à la presse Mohamed Kouyaté, coordonnateur du Collectif des lycées de Dakar.

Depuis décembre, les principaux syndicats d’instituteurs, de professeurs de collèges et de lycées, sont en arrêt de travail pour diverses revendications liées à l’augmentation d’indemnités de logement et de documentation notamment.

Les enseignants du supérieur, ayant déclenché une grève à la même période avec un syndicat et des mots d’ordre différents, exigent la construction de salles de cours et de logements, l’augmentation des budgets des cinq universités publiques du pays et le réajustement de l’indemnité de logement.

Le ministre chargé de l’Enseignement élémentaire et secondaire, Kalidou Diallo, se veut rassurant: la grève n’a pas véritablement affecté les enseignements. Pour cette raison, « une année blanche est exclue. Des rattrapages et les examens peuvent être organisés à temps si le mot d’ordre est levé ».

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Plusieurs manifestations ont été organisées ces derniers mois par les élèves et les étudiants à Dakar et en province pour exiger la reprise des cours. « Nous voulons étudier », ont-ils scandé régulièrement.

La Fenapes a « demandé aux enseignants de suspendre le mot d’ordre afin de sauver l’année. Nous ne comprenons pas qu’ils exigent que tous les problèmes soient entièrement réglés », a affirmé son président Badiane.

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« Surenchère » politique

Le ministre Kalidou Diallo estime que « les prétentions financières des enseignants ne sont pas supportables par le budget national. Par éthique, le président (Abdoulaye) Wade n’a pas signé n’importe quoi pour être réélu et créer des problèmes après ».

Il met en cause une « politisation du syndicalisme qui, ajoutée au contexte (de la présidentielle) fait de surenchère, a débouché sur une impasse ». Une situation à laquelle contribue également, selon lui, la dispersion des « 48 organisations » syndicales qui ne facilite pas les négociations.

« Nous sommes à équidistance des partis politiques », rétorque Abdoulaye Ndoye, un porte-parole des enseignants du moyen-secondaire.

« Nos revendications sont déposées depuis novembre 2009. La grève n’est pas liée à un problème d’argent mais à une générosité sélective du gouvernement au détriment de l’école », avec des corps de l’Etat comme les hauts magistrats qui « ont bénéficié d’augmentation de salaires », estime-t-il.

Pour le syndicat des enseignants du supérieur, « le gouvernement est plus préoccupé par sa survie qu’autre chose » et ne prête attention qu’à la présidentielle, dont un second tour opposera dimanche le président sortant Wade et son ex-Premier ministre Macky Sall, après un premier tour le 26 février.

Depuis 2000, année de son arrivée au pouvoir, le président Wade « a beaucoup fait » pour l’éducation en augmentant le budget alloué au secteur, ce qui a permis une hausse des salaires et la construction de nouvelles salles de classes, affirme le ministre Diallo.

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