Hissène Habré en exil au Sénégal: la CIJ examine la requête de la Belgique

La Cour internationale de Justice (CIJ) examine à partir de lundi, en audiences publiques, la requête de la Belgique qui souhaite que le Sénégal poursuive l’ex-président tchadien Hissène Habré ou l’extrade pour qu’il soit jugé par la justice belge.

Hissène Habré en exil au Sénégal: la CIJ examine la requête de la Belgique © AFP

Hissène Habré en exil au Sénégal: la CIJ examine la requête de la Belgique © AFP

Publié le 12 mars 2012 Lecture : 2 minutes.

Les représentants des deux pays exposeront leurs arguments aux juges lors de six audiences de trois heures programmées jusqu’au 21 mars au Palais de la Paix à La Haye, où siège la Cour, le plus haut organe judiciaire des Nations unies.

« La Belgique est notre seul espoir », avait assuré jeudi Jacqueline Moudeina, avocate de 17 victimes du régime d’Hissène Habré participant à une procédure ouverte en Belgique contre l’ancien président. « En Belgique, la seule chose qui manque (pour un procès) est la présence de M. Habré », avait-elle dit lors d’une conférence de presse à La Haye.

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Accusé de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture notamment, Hissène Habré vit en exil à Dakar depuis sa chute en 1990 après huit ans au pouvoir. Il avait été renversé par l’actuel président tchadien Idriss Deby Itno qui, après avoir été un de ses proches, était entré en rébellion.

Bruxelles avait émis en 2005 un mandat d’arrêt contre l’ex-président à la suite d’une plainte déposée en 2000 par un Belge d’origine tchadienne en vertu d’une loi belge dite de « compétence universelle » pour les crimes de droit international.

Celle-ci autorise les tribunaux belges à se saisir de ces dossiers notamment lorsqu’un citoyen de nationalité belge est concerné. Plusieurs demandes d’extradition ont été déposées par Bruxelles, sans succès. Selon une commission d’enquête tchadienne, le régime d’Hissène Habré a fait plus de 40. 000 morts parmi les opposants politiques et parmi certains groupes ethniques.

« Nous ne sommes pas guéris de ce que nous avons vécu », avait expliqué de son côté Souleymane Guengueng, un des survivants du régime, lors de la conférence de presse : « Cela me rend malade d’imaginer que nous n’aurons jamais la justice ». Le Sénégal avait accepté en 2006 de juger M. Habré à la demande de l’Union africaine (UA) mais n’a jamais organisé de procès.

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Le président sénégalais Abdoulaye Wade avait à plusieurs reprises affirmé que le Sénégal n’avait pas refusé de juger Habré mais ne disposait pas d’une juridiction « ad hoc » et de fonds nécessaires. « Il est clair que le Sénégal ne va pas poursuivre Hissène Habré », regrette pour sa part Reed Brody, avocat pour l’ONG Human Rights Watch : « un procès en Afrique aurait eu une plus grande valeur symbolique mais à un certain moment, il faut pouvoir dire : ++cela suffit!++ »

Hissène Habré a « acheté sa protection » au Sénégal après être « parti avec tout le trésor public tchadien », soutient l’avocate Jacqueline Moudeina. « Les dictateurs africains se protègent pour éviter qu’il y ait une jurisprudence contre eux », assure-t-elle.

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La Belgique, estimant que le refus de Dakar de poursuivre ou d’extrader Hissène Habré « viole l’obligation générale de réprimer les crimes de droit international humanitaire », avait saisi la CIJ le 19 février 2009, lui demandant d’ordonner au Sénégal de le juger ou de l’extrader. Le Sénégal avait fait la promesse « solennelle » en 2009 qu’il ne permettrait pas à M. Habré de quitter le territoire sénégalais tant que l’affaire était pendante devant la Cour.

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