Togo: polémique autour de rapports sur des allégations de torture après le putsch raté de 2009
Une polémique a éclaté au Togo autour de la publication d’un rapport sur des allégations de torture lors du procès des auteurs présumés du coup d’Etat déjoué d’avril 2009.
Au total 33 militaires et civils ont été jugés en septembre par la chambre judiciaire de la Cour suprême. Un demi-frère du président togolais Faure Gnassingbé, Kpatcha Gnassingbé, considéré comme le cerveau de ce putsch manqué, a été condamné à 20 ans de prison pour « complot contre la sûreté de l’Etat ».
La plupart des inculpés ont affirmé, lors de ce procès, avoir été torturés par l’Agence nationale de renseignements (ANR).
A la demande de la Cour suprême, la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), une institution dont la presse a salué l’indépendance, avait été mandatée en septembre dernier par le ministre togolais de la Justice Tchitchao Tchalim pour ouvrir une enquête « impartiale » pour faire la lumière sur l’affaire.
Dimanche, le gouvernement a publié sur son site internet un rapport présenté comme émanant de la CNDH, rejetant « l’accusation de torture ».
« Il n’a pas été intentionnellement infligé des douleurs, souffrances aiguës physiques et mentales à certaines des personnes interpellées et détenues dans le cadre de l’enquête ouverte pour tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat en avril 2009 (. . ) L’accusation de torture doit donc être rejetée », souligne ce rapport.
Mais lundi, la CNDH s’est distanciée du rapport présenté comme le sien par le gouvernement et a rendu public sur son site internet un autre rapport qu’elle a qualifié d’ »authentique ».
Elle a déclaré que « le gouvernement a fait publier un rapport travesti, obtenu sur menaces ».
Dans son propre document, la CNDH « constate qu’il a été commis sur les détenus, des actes de violences physique et morale à caractère inhumain et dégradant ». Elle « recommande au gouvernement des prendre des sanctions exemplaires à l’encontre de toutes les personnes ayant participé directement ou indirectement à la commission des actes incriminés ».
Lundi soir, le gouvernement a nié avoir menacé la CNDH.
« Le gouvernement dément catégoriquement ces allégations de menaces et précise qu’il n’a reçu de la CNDH qu’un seul rapport paraphé et signé par son président. Et c’est ce rapport qu’il a rendu public en toute transparence », souligne un communiqué du gouvernement lu sur les médias d’Etat.
Des responsables de la CNDH interrogés par l’AFP, se sont refusés à tout commentaire.
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