Sénégal: nouvel appel à manifester à Dakar contre la candidature de Wade

L’opposition sénégalaise a appelé à une manifestation interdite lundi à Dakar contre la candidature du chef de l’Etat Abdoulaye Wade à la présidentielle de dimanche, faisant craindre des violences similaires à celles des trois derniers jours qui ont fait deux morts et de nombreux blessés.

Sénégal: nouvel appel à manifester à Dakar contre la candidature de Wade © AFP

Sénégal: nouvel appel à manifester à Dakar contre la candidature de Wade © AFP

Publié le 20 février 2012 Lecture : 3 minutes.

Au total, six personnes sont mortes dans des violences liées à la contestation, depuis fin janvier, de la candidature de M. Wade, 85 ans dont 12 au pouvoir.

« Nous lançons un appel à manifester à 15H00 (locales et GMT) place de l’Indépendance », a déclaré Alioune Tine, coordinateur du Mouvement du 23 juin (M23), une coalition de partis d’opposition et d’organisations de la société civile.

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Selon lui, Abdoulaye Wade est devenu, « dans sa volonté de rester au pouvoir, sourd, muet et aveugle ».

De précédents appels du M23 à se rassembler sur la Place de l’Indépendance, située au centre-ville et à proximité du Palais présidentiel, ont entraîné des violences entre manifestants, en grande partie des jeunes qui tentaient de rallier le site, et les forces de l’ordre.

La répression par la police avec des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des canons à eau, a fait au moins une vingtaine de blessés depuis vendredi, deux morts en banlieue et en province.

Les manifestations se sont étendues dimanche soir à d’autres quartiers et des banlieues de la capitale, ainsi qu’à des villes de province.

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Un jeune homme est mort à Rufisque, dans la banlieue de Dakar, après avoir été blessé à la tête par une pierre lors d’affrontements avec des policiers, a annoncé lundi son tuteur, un imam de la confrérie musulmane tidiane, décès que la police n’a pas confirmé.

Il « ne manifestait pas » mais était allé « acheter du pain », a affirmé son tuteur, l’imam Abdoul Aziz Ndoye. Après concertation avec la famille, il a annoncé qu’il comptait porter plainte et a appelé les autorités « à de meilleurs sentiments ».

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« Juste retour des choses »

Depuis près d’une semaine, les forces de l’ordre ont empêché les manifestations d’opposition à Dakar. Mais des milliers d’anti-Wade, essentiellement des jeunes, ont bravé ces interdictions, provoquant des scènes de guérilla urbaine au coeur de la ville.

Dimanche, alors que le M23 n’avait pas appelé à manifester, c’est un rassemblement de fidèles de la confrérie musulmane des Tidianes devant une mosquée de Dakar, qui a dégénéré en violents affrontements avec les forces de l’ordre.

C’est dans cette mosquée où se trouvaient des fidèles, qu’un policier avait lancé des grenades lacrymogènes vendredi, provoquant la colère de la confrérie des Tidianes, l’une des plus influentes au Sénégal, pays à 95% musulman.

Par vengeance, des jeunes de Tivaouane (ouest), un des fiefs des Tidianes, ont manifesté dès vendredi soir, incendiant la mairie tenue par un partisan du président Wade. Des manifestations de colère ont eu lieu dans d’autres villes, dont Kaolack (ouest) où un jeune est mort lors de heurts avec la police.

Le ministre de l’Intérieur, Ousmane Ngom, a présenté ses « excuses » et celles de la police pour l’ »incident regrettable » des grenades lacrymogènes dans la mosquée, qu’il a qualifié de « bavure policière ».

C’est dans ce climat de tension que l’ex-président nigérian Olusegun Obasanjo doit arriver à Dakar mardi pour diriger une mission de l’Union africaine (UA) chargée d’observer le scrutin.

M. Obasanjo avait été contraint en 2006 de renoncer à un troisième mandat à la tête du Nigeria sous la pression de son opposition, mais aussi de pairs africains, dont Abdoulaye Wade.

L’opposition espère que M. Obasanjo arrivera à convaincre M. Wade de renoncer à se représenter. Ce serait « un juste retour des choses », selon Alioune Tine.

Le M23 estime que M. Wade, élu en 2000, réélu en 2007, a épuisé ses deux mandats légaux et juge illégale sa nouvelle candidature, ce que contestent les partisans du président qui soulignent que des réformes de la Constitution lui donnent le droit de se représenter.

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