Sénégal: Wade poursuit sa campagne, l’opposition désunie

Le collectif de rappeurs « Y’en a marre » appelle à partir de mardi soir à un sit-in permanent à Dakar pour tenter de relancer la mobilisation contre le président Abdoulaye Wade, plus que jamais en campagne pour la présidentielle du 26 février.

Sénégal: Wade poursuit sa campagne, l’opposition désunie © AFP

Sénégal: Wade poursuit sa campagne, l’opposition désunie © AFP

Publié le 14 février 2012 Lecture : 3 minutes.

« Y’en a marre » lance mardi soir son opération « Fanaan », ou veillée en langue locale wolof: ses militants occuperont en permanence la place de l’Obélisque où ils coucheront avec tentes et nattes.

Cette esplanade près du centre-ville a été le théâtre ces dernières semaines de plusieurs rassemblements de l’opposition et est devenue le symbole de la contestation contre la candidature de Wade au scrutin.

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« Nous sommes à un moment décisif de la lutte, Wade continue à persister contre le peuple sénégalais », selon le collectif de jeunes citoyens, qui tente ainsi de « passer à la vitesse supérieure », mais surtout de relancer une mobilisation qui s’essoufle.

« L’unité » affichée il y a encore une semaine au début de la campagne par les candidats de l’opposition réunis au sein du Mouvement du 23 juin (M23), coalition qui regroupe opposants et représentants de la société civile, n’est visiblement plus d’actualité. Aux grands rassemblements « en commun » du M23, où tous exigeaient d’une seule voix le retrait de la candidature du chef de l’Etat sortant, ont succédé les classiques caravanes, meetings en province et promesses électorales.

Chaque candidat mène désormais campagne de son côté, dont les quatre « poids lourds » : Ousmane Tanor Dieng, leader du Parti socialiste (PS, au pouvoir de 1960 à 2000), Idrissa Seck, Macky Sall et Moustapha Niasse, trois ex-Premier ministres de Wade.

Egalement sur le devant de la scène bien que sa candidature ait été rejetée par le Conseil constitutionnel, membre du M23, le chanteur populaire Youssou Ndour affiche toujours comme « priorité » de « se battre contre la candidature de Wade » . « Les leaders candidats du M23 ont fait leur bilan, ils ont décidé de décliner leur programme auprès de l’électorat », reconnaît un porte-parole de la coalition, Abdoul Aziz Diop. « Mais ils restent à l’écoute du M23 pour toutes les manifestations que nous allons organiser », affirme-t-il, précisant qu’une assemblée générale était prévue mardi pour un nouveau mot d’ordre de manifestation.

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La presse locale faisait état d’une manifestation du M23 prévue mercredi sur la place de l’Indépendance, à quelques centaines de mètres du palais présidentiel, au coeur du quartier des affaires de la capitale.

Lundi, à l’appel du M23, quelques centaines de personnes ont participé à une marche pacifique à Saint Louis (nord) au cri de « Wade dégage! ».

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Le M23 estime que le chef de l’Etat sortant a épuisé ses deux mandats légaux et juge illégale sa candidature validée et confirmée fin janvier par le Conseil constitutionnel, en même temps que celle de 13 autres candidats. Quatre personnes ont été tuées en cinq jours dans les manifestations de mécontentement qui ont suivi.

Agé de 85 ans, Abdoulaye Wade a été élu une première fois en 2000 pour sept ans et réélu en 2007 pour cinq ans après une modification constitutionnelle en 2008. Ses partisans soutiennent qu’il peut briguer un nouveau mandat à la suite de modifications de la Constitution en 2001 et 2008.

Indifférent aux exigences de ses opposants, le président Wade enchaîne depuis une semaine comme si de rien n’était les meetings en province, dans une mécanique parfaitement huilée et avec une débauche de moyens, sono géante, podium de rock-star et mobilisation des militants du Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir).

Chacune de ses étapes est l’occasion pour Wade de se poser en « candidat des grands projets, de la construction nationale et de la paix », tout en plaidant pour sa réélection dès le premier tour face à des opposants qui n’ont « ni idée ni programme ».

Depuis le début de la campagne le 5 février, quelques incidents mineurs ont opposé militants des deux bords, insultes, rixes et caillassages, dont les partis se font régulièrement écho dans des communiqués.

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