Sénégal: un mort lors de la dispersion d’une manifestation de l’opposition

Un jeune homme est décédé après avoir été renversé par un véhicule lors de la dispersion par la police mardi soir à Dakar d’un rassemblement de plusieurs milliers d’opposants venus contester la candidature du chef de l’Etat Abdoulaye Wade à la présidentielle de février.

Sénégal: un mort lors de la dispersion d’une manifestation de l’opposition © AFP

Sénégal: un mort lors de la dispersion d’une manifestation de l’opposition © AFP

Publié le 1 février 2012 Lecture : 3 minutes.

La victime, un étudiant de 32 ans, est mort de ses blessures peu avant son arrivée à l’hôpital, selon une source médicale. Des médias locaux ont affirmé qu’il avait été renversé par un véhicule de police, ce que n’ont pas confirmé des responsables policiers ou gouvernementaux.

A l’appel de l’opposition et de la société civile, regroupées au sein du Mouvement du 23 juin (M23), des milliers de personnes s’étaient regroupées mardi après-midi sur l’esplanade de la Place de l’Obélisque.

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La manifestation s’est déroulée sans aucun incident jusque vers 18H30, sous la surveillance d’un cordon d’environ 150 policiers anti-émeute, en présence d’au moins cinq candidats d’opposition à la présidentielle ainsi que d’Alioune Tine, figure de la société civile et coordonnateur du M23.

M. Tine avait été libéré lundi soir après deux jours de détention dans les locaux de la police.

Avec la tombée du jour, des jeunes ont cependant voulu en découdre, précipitant l’intervention des forces de l’ordre qui ont jeté des grenades lacrymogènes. Les manifestants ont alors rapidement évacué l’esplanade. Une femme a été blessée à la jambe, a-t-on constaté.

Des véhicules pick-up chargés de policiers se sont ensuite engagés dans les rues adjacentes du site pour disperser les derniers petits groupes de protestataires, dont certains tentaient d’ériger des barricades de fortune avec des pneus incendiés.

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Vers 19H30, les policiers étaient déployés sur la place désertée et les avenues jonchées de cailloux, tandis que la circulation automobile reprenait progressivement. La situation était normale ailleurs dans la capitale.

Les autorités avaient finalement laissé se tenir ce rassemblement, bien que, selon elles, les organisateurs n’ont pas annoncé sa tenue 72 heures auparavant comme l’exige la loi.

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Le M23 avait appelé à cette manifestation pour exiger le retrait de la candidature d’Abdoulaye Wade, 85 ans dont 12 au pouvoir, candidature dont la validité a été confirmée dimanche par le Conseil constitutionnel.

Boycott de la présidentielle exclu

Ce rassemblement s’est tenu après des violences qui ont éclaté le 27 janvier à Dakar et dans d’autres villes à l’annonce de la validation de la candidature Wade. Un policier avait été tué, plusieurs personnes blessées, des bâtiments incendiés. Lundi, deux personnes ont été tuées lors d’une marche d’opposants à Podor (nord).

Pour le M23, la candidature de Wade est un « coup d’Etat constitutionnel », arguant qu’il a épuisé ses deux mandats légaux (élection en 2000, réélection en 2007), ce que récusent les partisans de Wade, selon qui il est en droit de se représenter après des modifications de la Constitution.

La formule a également été utilisée mardi par le célèbre chanteur Youssou Ndour dont la candidature a été rejetée par le Conseil constitutionnel: il a appelé « à manifester dans la paix » contre ce « coup d’Etat » et réclamé la démission des cinq membres du Conseil. « Il y aura des initiatives qui vont bloquer le pays », a-t-il promis, sans préciser lesquelles.

M. Niasse a de son côté exclu un boycott de la présidentielle par l’opposition, qui « ferait trop plaisir à Wade et à son système ». Il a également condamné l’intervention de la police mardi soir « sur un rassemblement pacifique et statique, ceci alors que les manifestants ne montraient aucun signe d’hostilité ».

Les violences du 27 janvier à Dakar ont été suivies par des dizaines d’arrestations, selon le M23.

La candidature du chef de l’Etat n’est pas seulement contestée par ses opposants: les Etats-Unis l’ont invité à « laisser la place à la prochaine génération ».

L’Union européenne a « condamné dans les termes les plus forts tous les actes de violence » et appelé « toutes les parties à faire preuve de retenue et à opter pour le dialogue, dans l’intérêt de la tenue d’élections pacifiques, libres et équitables ».

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