Rabat et Madrid en colère après le blocage d’un accord de pêche contesté

Le blocage d’un accord controversé de pêche entre l’UE et le Maroc a contraint les navires européens à quitter immédiatement les eaux du royaume, au grand dam de l’Espagne qui exige une compensation pour sa flotte tandis que Rabat menace de revoir ses relations avec l’Europe.

Rabat et Madrid en colère après le blocage d’un accord de pêche contesté © AFP

Rabat et Madrid en colère après le blocage d’un accord de pêche contesté © AFP

Publié le 15 décembre 2011 Lecture : 2 minutes.

La prolongation jusqu’en février prochain de cet arrangement qui permet à 125 navires battant pavillon de onze pays de l’Union européenne d’opérer dans les eaux du Maroc, en échange d’une contrepartie financière annuelle européenne de 36,1 millions d’euros et de redevances payées par les armateurs a été rejetée mercredi par les députés européens.

Ils jugent notamment que l’accord ne prend pas clairement en compte les intérêts de la population du Sahara occidental, cette ancienne colonie espagnole annexée par Rabat en 1975.

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Les élus ont également estimé que l’arrangement avec Rabat revenait à un gaspillage de l’argent des contribuables européens, qu’il n’était pas viable sur le plan écologique et environnemental, et qu’il n’apportait guère de bénéfices notables en termes économiques, tant à l’UE qu’au secteur de la pêche marocain.

L’essentiel des prises est le fait de gros chalutiers industriels, qui pêchent notamment sardines, maquereaux, chinchards et anchois dans les eaux marocaines.

En conséquence du blocage, des dizaines de chalutiers espagnols sont restés jeudi coincés à quai. Quelque « 64 bateaux et 600 emplois sont directement menacés, de même que des emplois dérivés du secteur de la pêche », a déploré le ministère espagnol de la Pêche.

A son arrivée à une réunion à Bruxelles avec ses homologues européens, la ministre espagnole de la Pêche Rosa Aguilar a exigé de l’UE une « compensation » pour les dommages que va subir sa flotte de pêche.

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Des navires portugais, français, italiens, britanniques, polonais et allemands profitaient également de l’accord.

Son annulation a réjoui le Front Polisario, qui revendique l’indépendance du Sahara Occidental, et qui y voit une « défaite juridique et politique » pour le Maroc.

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La rupture de l’accord constitue une « opportunité » pour les pêcheurs marocains, a jugé le ministre marocain de la Pêche Aziz Akhannouch.

Mais elle aura en même temps « des conséquences très négatives » sur les relations entre l’UE et le Maroc, a-t-il ajouté.

Le ministère marocain des Affaires étrangères s’est ainsi dit « interpellé » quant à « l’opportunité d’une réévaluation globale de son partenariat avec l’UE », au moment où « des négociations sont en cours avec l’UE dans le cadre de perspectives mutuellement prometteuses sur d’autres volets de coopération ».

Une allusion claire au feu vert donné mercredi soir à Genève par les ministres européens du Commerce à la Commission européenne en vue d’entamer des négociations commerciales avec le Maroc, la Jordanie, la Tunisie et l’Egypte.

Ces négociations visent à aboutir à des accords de libre-échange « profonds et complets » en matière d’échanges de biens et services avec ces pays.

Le ministère français des Affaires étrangères a réclamé de la Commission européenne qu’elle s’attelle à négocier et signer « rapidement » un nouvel accord qui prenne en compte « les intérêts européens et marocains ».

La Commissaire européenne à la Pêche Maria Damanaki s’est engagée à poursuivre le dialogue avec les autorités marocaines.

Mais « si un nouvel accord devait être proposé et conclu, il aurait besoin d’apporter des réponses convaincantes aux questions-clé » en matière d’environnement, de viabilité économique et de conformité au droit international, a-t-elle prévenu.

Le vote du Parlement européen envoie aussi « un message fort au gouvernement marocain, qui aurait besoin de s’engager sur tous ces points en faveur d’un meilleur accord », a-t-elle ajouté.

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