Les Coptes d’Egypte inquiets après la victoire électorale des islamistes
Les Coptes, la plus importante communauté chrétienne d’Orient, sont très inquiets des conséquences du triomphe des islamistes au premier tour des élections législatives en Egypte, tout en espérant un revirement à la faveur des scrutins à venir.
« Les Coptes sont très inquiets. On ne s’attendait pas à cela », estime Girgi Szaki, un ingénieur de 42 ans, rencontré dimanche à la sortie de la messe au Caire.
« Nous souhaitions la victoire des libéraux. Peut-être cela va-t-il changer lors des autres étapes » du complexe processus électoral qui s’étale jusqu’en janvier pour les députés, puis jusqu’en mars pour les sénateurs, espère-t-il.
Les partis islamistes, interdits sous le régime du président déchu Hosni Moubarak, ont été officiellement proclamés dimanche vainqueurs du premier tour des premières élections post-Moubarak avec 65% des voix, un score qui pourrait leur permettre de dominer le futur Parlement face à des libéraux laminés.
« Toutes les femmes seront voilées. Ils vont mettre à mal notre industrie touristique », s’inquiète une fidèle quadragénaire.
Cette pharmacienne, parlant sous couvert de l’anonymat car il est selon elle « dangereux » d’évoquer le sujet, relaie la crainte souvent exprimée que les islamistes ne cherchent à transformer l’Egypte en un nouvel Afghanistan.
Rares sont les Coptes à faire la distinction entre les salafistes d’Al-Nour (la Lumière), qui ont obtenu un quart des voix à la surprise générale, et le parti de la Liberté et de la Justice (PLJ), plus modéré, issu des Frères musulmans, qui domine avec 36% des suffrages.
Le PLJ s’efforce de se présenter comme un parti modéré, favorable à la démocratie, à la liberté de culte et à une application consensuelle de la charia (loi islamique). Il s’est doté en mai d’un vice-président chrétien, et a fait valoir qu’il comptait une centaine de Coptes parmi ses membres fondateurs.
« Certains ont peur, » estime un prêtre, soutane noire et lourde croix autour du cou. Les Frères musulmans « ont promis que nous étions frères et que nous formions tous une seule communauté. On attend de voir ».
« De nombreux chrétiens se mettent à dire que c’était mieux sous Moubarak, mais je ne suis pas d’accord », dit Eman Seif, une médecin de 53 ans. « Nous sommes surpris, mais nous restons optimistes. Nous sommes désormais dans une démocratie, et ceci est la véritable opinion des Egyptiens. Les partis laïcs sont toujours dans la bataille », souligne-t-elle.
Les Coptes, dont le nombre est évalué à huit millions, soit près d’un dixième de la population égyptienne, s’estiment de longue date victimes de discriminations.
Ils ont été les cibles d’attaques meurtrières, en particulier en mai au Caire, lorsque 15 personnes avaient été tuées dans l’attaque de deux églises par des musulmans. Le pouvoir militaire avait alors prévenu qu’il s’attaquerait avec « une main de fer » à toute forme de violence confessionnelle.
En octobre, au moins 25 personnes, en majorité des Coptes, avaient été tués dans la capitale dans des affrontements avec les forces de sécurité, lors d’une manifestation de chrétiens protestant contre l’attaque d’une église.
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