En Afrique, le braconnage inquiète les professionnels du tourisme

Les difficultés de la protection des espèces animales emblématiques de l’Afrique comme le rhinocéros ou l’éléphant inquiètent les professionnels du tourisme, qui redoutent qu’elles ne freinent le flot des visiteurs étrangers sur le continent.

Des éléphants dans le parc national kenyan de Tsavo Est, le 22 août 2018. © SIMON MAINA / AFP

Des éléphants dans le parc national kenyan de Tsavo Est, le 22 août 2018. © SIMON MAINA / AFP

Publié le 16 septembre 2018 Lecture : 3 minutes.

« A l’évidence, elles ont un impact négatif », a résumé cette semaine le patron de l’Association du tourisme africain (ATA), Naledi Khabo, à l’occasion d’un sommet du secteur réuni au Cap (sud-ouest) à l’initiative d’Airbnb.

« Qu’il s’agisse d’hommes ou d’animaux, voir des morts pareilles a forcément des conséquences » sur notre activité, a-t-elle ajouté.

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Ces dernières semaines, plusieurs événements ont terni l’image de sanctuaire de la faune sauvage de l’Afrique, l’un de ses principaux « produits d’appel ».

Il y a d’abord eu le fiasco du transfert mal préparé de onze rhinocéros d’un parc kényan vers un autre, qui s’est soldé par leur mort par déshydratation.

« C’est malheureux (…), il est clair que l’affaire n’a pas été bien gérée par mes officiers, et nous avons pris des mesures pour y remédier », a reconnu, penaud, au Cap, le ministre kényan du Tourisme Najib Balala.

Et puis il y a eu l’affaire des éléphants du Botswana, qui abrite leur plus grande population en Afrique.

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Son arsenal très répressif a fait de ce pays un modèle dans la lutte anti-braconnage. Mais au début du mois, une ONG y a dénoncé la mort d’une centaine de pachydermes lors d’un massacre sans précédent qu’elle a attribué à la décision des autorités de désarmer ses « rangers ».

Le gouvernement de Gaborone et des scientifiques ont remis en cause la réalité de ces massacres mais trop tard, la réputation du pays a déjà souffert de l’incident.

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« Ce qui est triste avec cet incident au Botswana, c’est que la presse n’a titré que sur ce qui s’est passé, sans s’interroger sur le pourquoi ni sur l’après », a regretté l’auteure de récits de voyages Anita Mendiratta.

« Mesures fortes »

Les crimes environnementaux coûtent chaque année plus de 70 milliards de dollars aux pays en développement.

L’Afrique est la cible des braconniers qui s’arrachent les défenses de ses éléphants et les cornes de ses rhinocéros pour satisfaire, à prix d’or, la demande de la médecine traditionnelle asiatique.

Ces dernières années, les pays qui accueillent les amateurs de safaris ont considérablement renforcé leurs moyens pour lutter contre le trafic d’ivoire.

Des efforts loués par les tour-opérateurs. « Il est essentiel que le gouvernement et les professionnels du tourisme prennent des mesures fortes et punissent sévèrement les trafiquants », se réjouit Naledi Khabo.

« Le nombre de rhinocéros protégés au Kenya est passé de 300 il y a trente ans à plus de 1.200 aujourd’hui. Et nous avons 35.000 éléphants contre seulement 16.000 il y a trente ans », s’enorgueillit son ministre du Tourisme.

Selon Anita Mendiratta, la lutte contre les trafiquants et braconniers est même devenue une demande des visiteurs. « Les touristes nous disent +ce n’est pas bien+ », affirme-t-elle, « la lutte antibraconnage est au c?ur de leurs préoccupations. Le militantisme des touristes est devenu un élément important de notre industrie ».

Ancien « ranger » tanzanien reconverti dans le secteur des safaris, Loserian Laizer pense lui aussi que « la contrebande nuit au tourisme ». Il raconte que, dans le célèbre parc sud-africain Kruger, des visiteurs se plaignent du bruit des patrouilles aériennes de surveillance.

« Mais nous gagnons la bataille. Je félicite ceux qui protègent la faune sauvage, de plus en plus de gens comprennent que c’est indispensable », ajoute-t-il, « il faut essayer de la protéger de façon intelligente ».

Mais le braconnage n’est pas le seul à menacer la faune sauvage, juge M. Laizer. « Le problème, c’est la construction de plus en plus d’infrastructures pour accueillir plus de visiteurs », met-il en garde, « ça détruit l’environnement, alors il faut contrôler cette évolution ».

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