Liberia: faible affluence à la présidentielle après des violences

L’affluence des électeurs était faible mardi au Liberia pour le second tour de la présidentielle boycotté par Winston Tubman, principal rival de la présidente Ellen Johnson Sirleaf, au lendemain de la dispersion violente d’opposants qui a fait au moins deux morts.

Liberia: faible affluence à la présidentielle après des violences © AFP

Liberia: faible affluence à la présidentielle après des violences © AFP

Publié le 8 novembre 2011 Lecture : 3 minutes.

Contrairement au premier tour du 11 octobre où de longues files d’attente s’étaient formées plusieurs heures avant l’ouverture des bureaux, très peu de personnes étaient présentes le matin dans la dizaine de bureaux de vote visités par l’AFP à Monrovia, sillonnée par des véhicules de police et de l’ONU.

Des écoles utilisées comme bureaux de vote ont préféré ne pas ouvrir leurs portes par crainte de violence, « en raison des incidents » de la veille entre opposants et la police, a reconnu la présidente de la Commission électorale nationale (NEC), Elizabeth Nelson.

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Des responsables de médias ont indiqué à l’AFP que le gouvernement avait ordonné la fermeture, jusqu’à nouvel ordre, des quatre radios privées et quatre télévisions privées émettant à Monrovia.

Winston Tubman, leader du Congrès pour le changement démocratique (CDC), qui devait être opposé à Mme Sirleaf, a décidé de se retirer. Il affirme que ce scrutin risquait d’être entaché de fraudes similaires à celles qu’il avait dénoncées après le premier tour et a appelé à boycotter le scrutin.

Ellen Johnson Sirleaf, prix Nobel de la paix 2011, est arrivée en tête au premier tour avec 43,9% des voix contre 32,7% à M. Tubman. Ce dernier a accusé la présidente d’avoir utilisé massivement « les ressources de l’Etat » pour acheter le ralliement au second tour d’autres opposants.

L’élection intervient au lendemain de la dispersion violente par des policiers anti-émeutes de milliers d’opposants venus soutenir M. Tubman devant le siège de son parti.

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Au moins deux personnes ont été tuées par balle – 3 ou 4 selon l’opposition – et plusieurs blessées.

Un millier de membres du CDC ont passé la nuit dans l’enceinte du siège de leur parti, surveillé par des soldats de la Mission de l’ONU au Liberia (Minul) – aucun policier libérien n’y était – et s’y trouvaient encore mardi. La chef de la Minul, Ellen Margrethe Loj, leur a rendu visite mardi en milieu de journée, ont constaté des journalistes de l’AFP.

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« Ils vont nous tuer mais nous resterons là, le CDC c?est notre parti », a déclaré à l’AFP un jeune militant, Albert Doe, 21 ans. « On ne nous paie pas pour ça, c’est l’amour du parti qui nous rassemble ici. Même s?ils reviennent nous tirer dessus encore aujourd’hui, nous allons fuir pour nous mettre à l?abri, mais nous reviendrons », a-t-il ajouté.

Le gouvernement a « regretté » lundi soir les violences, promettant « que tous ceux qui sont coupables devront répondre de leurs actes » et appelant « tous les Libériens à aller voter » mardi.

Il a accusé des militants du CDC d’avoir été armés, ce qui aurait provoqué l’intervention de la police anti-émeutes, mais des sources indépendantes ont affirmé que les seules armes dont disposaient certains manifestants étaient des pierres et des gourdins.

Les manifestations « pacifiques » vont « continuer, car nous ne sommes pas plus importants que ceux qui ont été tués », a affirmé lundi George Weah, ex-star du football, une façon de dire que les manifestants étaient prêts à se faire tuer.

Devenu numéro 2 du CDC, Weah est resté très populaire dans son pays encore traumatisé par des guerres civiles qui, de 1989 à 2003, ont fait quelque 250. 000 morts.

Le président américain Barack Obama a mis en garde lundi contre toute tentative de « perturber » le second tour.

Le premier tour, couplé à des législatives et sénatoriales où le Parti de l’unité (UP) de Mme Sirleaf était également arrivé en tête, avait été marqué par une forte participation (71%) et s’était déroulé dans le calme.

Ces élections avaient été saluées par l’ensemble des quelque 4. 900 observateurs, nationaux et internationaux, comme « libres et transparentes ».

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