Guinée : Alpha Condé pointe la « responsabilité » de la France dans le retard du pays

Le président guinéen Alpha Condé a attribué une part des difficultés traversées par son pays depuis l’indépendance en 1958 à l’attitude de la France de l’époque, dans une interview à Conakry avec des journalistes de TV5 Monde, RFI et Le Monde.

Alpha Condé, le président guinéen, au palais présidentiel à Conakry en octobre 2016. © Vincent Fournier/JA

Alpha Condé, le président guinéen, au palais présidentiel à Conakry en octobre 2016. © Vincent Fournier/JA

Publié le 30 septembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Lors de cette interview, diffusée dimanche, à deux jours du 60e anniversaire de l’indépendance, M. Condé s’est insurgé contre une question sur le fait que le pays « ne décolle pas économiquement ».

Les Français « doivent savoir que si la Guinée a été en retard, il y a la responsabilité des chefs d’État guinéens, mais aussi la responsabilité de la France de l’époque », a-t-il estimé. « Lorsque nous avons pris l’indépendance en 58, du jour au lendemain tous les cadres français sont partis, la Guinée est restée sans cadres », a déclaré M. Condé. « On a voulu anéantir économiquement le peuple de Guinée », a-t-il ajouté.

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« Il ne faut pas oublier aussi que la Guinée a été mise en quarantaine (…), il a fallu que l’Union soviétique et la Chine viennent porter secours à la Guinée, tous les Français étaient partis, on n’avait pas de cadres », a insisté le président guinéen.

« L’histoire de la Guinée ne se ramène pas à la violence »,

La Guinée est devenue le premier pays d’Afrique subsaharienne à obtenir sa souveraineté de la France, après avoir voté non le 28 septembre 1958 au référendum instituant une « communauté » franco-africaine, proposée par le général De Gaulle.

De cet épisode, Alpha Condé a indiqué tirer « deux messages » pour la jeunesse guinéenne. En 1958, la Guinée « s’est donné la main comme un seul homme pour appeler à voter non », a-t-il dit. « Si nous voulons, nous pouvons de nouveau être unis pour faire face aux défis de la Guinée, ça c’est le premier message ». « Le deuxième, c’est que le gouvernement français à l’époque n’a pas eu une attitude correcte, ce qui a fait que, pendant longtemps, les rapports avec la France ont été tendus », a-t-il déploré.

« L’histoire de la Guinée ne se ramène pas à la violence », a-t-il par ailleurs souligné, alors qu’à l’occasion de cet anniversaire la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et RFI ont publié un ouvrage, « Mémoire collective, une histoire plurielle des violences politiques en Guinée », revenant notamment sur le massacre du 28 septembre 2009.

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« Je suis choqué ! »

M. Condé, au pouvoir depuis décembre 2010, s’est emporté à plusieurs reprises contre ses intervieweurs, leur reprochant d’être « venus avec des idées arrêtées ». « Je suis choqué de vous entendre dire que la Guinée n’a pas émergé, je suis choqué, franchement. Je suis choqué ! », s’est-il exclamé.

Ancien opposant historique, Alpha Condé est le premier président démocratiquement élu de cette ex-colonie française d’Afrique de l’Ouest, régie jusqu’alors par des pouvoirs autoritaires, voire dictatoriaux.

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Malgré la richesse de son sous-sol, plus de la moitié de la population de Guinée vit sous le seuil de pauvreté, avec moins d’un euro par jour, selon l’ONU.

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