Marie Dedieu, une féministe qui avait trouvé au Kenya un « coin de paradis »

Marie Dedieu, cette Française retenue en otage en Somalie dont le décès a été annoncé mercredi, était une féministe qui avait élu résidence de longue date sur l’île kényane de Manda, près de Lamu, son « petit paradis ».

Marie Dedieu, une féministe qui avait trouvé au Kenya un « coin de paradis » © AFP

Marie Dedieu, une féministe qui avait trouvé au Kenya un « coin de paradis » © AFP

Publié le 19 octobre 2011 Lecture : 2 minutes.

Cette sexagénaire française tétraplégique était unanimement appréciée des habitants. « Tout le monde, à Shela (la plage principale de Lamu), connaît Marie », témoignait en début de mois pour l’AFP Abdulla Sultan, un guide local: « Tout le monde. Même les petits enfants la connaissent ».

Selon lui, Marie Dedieu participait aux mariages sur l’île et se montrait « très amicale avec les gens ».

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Décédée à 66 ans, Marie Dedieu était arrivée il y a une quinzaine d’années dans l’archipel de l’océan Indien, vivant d’abord sur la principale île de Lamu, avant de faire construire une maison il y a sept ans sur celle de Manda, qui lui fait face.

C’était « une pionnière ». « Elle avait un peu découvert Manda, c’était une des premières à s’y être installée. Ce n’est pas du tout la clientèle très people et très riche » qui est arrivée depuis, affirme un diplomate français qui l’avait rencontrée l’an dernier chez elle.

Marie Dedieu avait fait construire à Manda une maison traditionnelle de style swahili, avec un toit de chaume, largement ouverte sur l’extérieur, et donnant immédiatement sur la mer. C’était « un peu son petit paradis », souligne le même diplomate.

Selon ses proches, la Française avait observé avec beaucoup de scepticisme la construction par d’autres ressortissants étrangers, à Lamu et dans ses environs, d’immenses villas, dont le luxe souvent ostentatoire tranche avec la pauvreté de l’immense majorité de la population locale.

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Un grave accident lui avait fait perdre toute mobilité il y a plusieurs années, la contraignant à se déplacer en fauteuil roulant.

Cela ne l’empêchait pas, levée tôt chaque matin, de se faire conduire sur la plage, d’y faire quotidiennement des étirements et de la gymnastique, de discuter avec des amis dans des cafés, et de ne manquer aucun événement de la vie locale, selon Abdalla Fadhil, l’ancien maire de Lamu et Manda, propriétaire du terrain où Mme Dedieu avait fait bâtir sa maison.

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Elle partageait ses jours avec John Lepapa, un Kényan de 39 ans d’origine massaï, qui l’assistait, lorsqu’elle revenait de France, où elle rendait visite à son père âgé, en Lorraine, et disposait d’un appartement, à Paris.

En France, Marie Dedieu fut une militante engagée dans le mouvement féministe historique des années 70, selon plusieurs publications.

Elle était « l’une des proches d’Antoinette Fouque », qui cofonda le Mouvement de libération des femmes (MLF) en 1968, selon l’ouvrage « Les éditions des femmes: histoire des premières années 1972-1979 » (éditions L’Harmattan) de Bibia Pavard.

Marie Dedieu était également, selon cette source, directrice de publication du Torchon brûle, le journal du MLF, qui publia six numéros entre 1971 et 1973.

Elle avait aussi fait partie des signataires, en 1971, du « Manifeste des 343 salopes » qui, à la une de l’hebdomaire Le Nouvel Observateur, proclamèrent avoir bravé l’interdit de l’avortement.

Marie Dedieu et John Lepapa venaient de revenir de France lorsque la sexagénaire fut enlevée, dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre.

Au lendemain de ce rapt, le maire adjoint de Lamu, Ajar Ali, avait confirmé qu’elle « était très proche » de la communauté locale, la présentant comme une « femme extraordinaire ».

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