La Zambie renonce finalement à geler les exportations de cuivre
Le nouveau gouvernement zambien est revenu jeudi sur une décision de geler toutes les exportations de métaux, et notamment de cuivre, mais maintient son intention d’imposer rapidement de nouvelles règles de contrôle et de taxation du commerce de métal.
Dans la matinée, les entreprises d’exploitation minière avaient reçu une circulaire du ministère des Mines leur annonçant que tous les permis d’exporter étaient suspendus avec effet immédiat, « dans l’attente de nouvelles directives du gouvernement ».
Outre le cuivre, dont elle est 7e producteur mondial pour le minerai et 2e pour le cuivre raffiné, la Zambie exporte également du cobalt, du plomb, de l’or et de l’argent.
En fin de journée, le pouvoir est revenu sur sa décision. Given Lubinda, le porte-parole du gouvernement, a indiqué que « la suspension (des exportations) a été levée en raison du temps nécessaire pour mettre au point de nouvelles mesures ».
Il laissait ainsi entendre que la mise en place de ces mesures prendrait du temps.
« Il semble qu’il y ait des doutes sur la quantité de cuivre produite et exportée », a expliqué à l’AFP Leon Myburgh, un analyste bancaire pour la Citi. « Ce que le gouvernement essaye de faire est d’améliorer les déclarations de l’activité à l’export, et par extension, de l’activité minière, ce qui débouchera probablement sur le paiement d’impôts ».
Ce pays d’Afrique australe, qui partage les chutes Victoria avec le Zimbabwe voisin mais peine à diversifier son économie dans le tourisme, n’a jamais autant produit de cuivre: 691. 000 tonnes de minerai en 2010 et 698. 000 en 2009 selon le Bureau mondial des statistiques des métaux (WBMS), soit 4,3% de la production mondiale.
Le cuivre compte pour 85% de ses exportations. Les Chinois sont très présents dans ce secteur.
Cours du cuivre très élevé
Le nouveau pouvoir, qui a promis des résultats tangibles en 90 jours, a cherché à imposer sa marque très rapidement, remerciant entre autres le chef de la police, le gouverneur de la banque centrale et le directeur de la compagnie nationale d’électricité.
A Londres, l’annonce du gel des exportations n’avait pas influé sur le cours du cuivre, très élevé à 7. 100 dollars la tonne.
Mais les investisseurs restent attentifs depuis la prise de fonction le 23 septembre de Michael Sata, largement vainqueur du président sortant Rupiah Banda.
Pendant sa campagne, M. Sata avait annoncé son intention d’en finir avec la politique fiscale accommodante de son prédécesseur et d’établir une taxe forfaitaire de 25% sur les profits miniers.
Celle-ci serait calculée par rapport au chiffre d’affaires, et non sur les bénéfices déclarés. Une fiscalité plus facile à appliquer pour les autorités sur des entreprises devenues championnes de l’optimisation fiscale et difficile à contrôler.
Un audit commandé par le précédent gouvernement a conduit cette année l’Union européenne à geler à l’avenir tout crédit de la Banque européenne d’investissement (BEI) à la maison de négoce suisse Glencore, soupçonnée d’évasion fiscale.
Glencore exploite l’important gisement de cuivre de Mufulira (nord) au travers de sa filiale MCM –elle-même détenue via une filiale financière aux Bermudes et un véhicule d’investissement aux Iles Vierges selon l’ONG de la Déclaration de Berne.
De l’avis aussi du Fonds monétaire international (FMI), le gouvernement gagnerait à mieux taxer les entreprises minières pour financer le développement du pays où, malgré une croissance très soutenue (+7,6% en 2010), 64% des quelque 13 millions d’habitants vivent dans le dénuement.
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