RDC: Dongo renaît de ses cendres, deux ans après un conflit meurtrier

A Dongo, ville du nord-ouest de la RD Congo théâtre d’un conflit intercommunautaire meurtrier fin 2009, les habitants qui avaient fui les violences sont quasiment tous rentrés, le marché foisonne de nouveau et une radio communautaire sensibilise à la réconciliation.

RDC: Dongo renaît de ses cendres, deux ans après un conflit meurtrier © AFP

RDC: Dongo renaît de ses cendres, deux ans après un conflit meurtrier © AFP

Publié le 6 octobre 2011 Lecture : 2 minutes.

Située dans la province de l’Equateur au bord de la rivière Oubangui, frontière naturelle avec le Congo-Brazzaville, Dongo a été attaquée fin octobre 2009 par des membres de la communauté Enyele, en conflit avec celle des Munzaya au sujet de la gestion d’étangs poissonneux.

Une centaine de personnes y ont été tuées, des femmes et des filles violées, des maisons pillées et incendiées, et des infrastructures scolaires et sanitaires endommagées.

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Le conflit, qui a duré jusqu’en avril 2010 dans la région, a fait au total au moins 270 morts et fait fuir 200. 000 personnes, dont plus de la moitié au Congo, 20. 000 en Centrafrique et les autres dans l’Equateur.

Des milliers d’habitants de Dongo avaient gagné par l’Oubangui le Congo-Brazzaville, où les « autochtones » les empêchaient parfois de travailler.

« J’ai fui à Boyele. Nous nous démenions toujours pour chercher en RDC de quoi survivre au Congo. Beaucoup se sont noyés (dans l’Oubangui) parce qu’ils voyageaient sur des embarcations discrètes pour éviter qu’on ne les voie », raconte à l’AFP Emma, 64 ans, son boubou multicolore enveloppant ses rondeurs.

Plus de 1. 000 réfugiés sont rentrés à Dongo d’eux-mêmes, selon le Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR), qui prépare avec les deux Congo le retour en Equateur des 120. 000 réfugiés restants, alors que presque tous les déplacés internes sont rentrés.

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« Les choses vont à pas de tortue: lentement et sûrement. Mais une fois les autres réfugiés de retour, la vie va reprendre » complètement, prédit Moussa Eboussi, chef coutumier local.

Déserté pendant l’attaque, Dongo centre comptait avant les violences 22. 000 habitants, contre 18. 000 en août, selon la Commission nationale des réfugiés. Certains sont rentrés avant la signature en mars 2011 d’un pacte de non agression entre Enyele et Munzaya, dans le cadre d’un processus de réconciliation mené par l’ONG Search for common ground (SFCG).

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Le HCR a construit ou financé 500 maisons et rééquipé un centre médico-chirurgical, où même des « réfugiés au Congo-Brazzaville » viennent se faire opérer, explique le chirurgien Daniel Elebu.

Les écoles réhabilitées ont rouvert, et le marché, presque entièrement calciné pendant le conflit, expose à nouveau des étals en bois bien garnis en poissons, viandes, légumes, fruits, gâteaux. . .

Parmi les fournisseurs: des Congolais de l’autre rive et aussi des militaires de RDC soucieux d’arrondir leur solde. Déployés fin 2009, ces derniers n’étaient guère appréciés, des habitants les accusant de « tracasseries », comme la « corvée d’eau ».

Aujourd’hui, aux abords des rues non bitumées et accidentées, des civils parlent sans peur apparente aux soldats. Des réfugiés restent cependant exilés, craignant d’avoir des militaires installés chez eux.

« Une commission ad hoc va travailler sur cette question, et on a demandé si on pouvait construire un camp » pour la troupe, explique Désiré Manyale, chef du secteur administratif de Dongo.

Interrogé sur les réparations aux victimes de violences, il estime qu’il faut privilégier la « réconciliation » et le « pardon », principales missions de la nouvelle Radio communautaire de Dongo (Racodo), soutenue notamment par l’ONU et aussi captée par certains réfugiés au Congo-Brazzaville.

Mais la paix reste fragile et des rumeurs d’attaques circulent chez les réfugiés. L’ONG SFCG, qui appuie la Racodo, estime que des mises au point « officielles » sur les ondes pourraient prévenir les conflits et favoriser les retours.

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