Française otage en Somalie: inquétude sur son état de santé, tentatives de négociation
Le sort de Marie Dedieu, la sexagénaire française handicapée retenue en otage en Somalie après avoir été enlevée sur l’île de Manda, dans l’archipel de Lamu, à l’est du Kenya, suscite l’inquiétude trois jours après son enlèvement.
Marie Dedieu « doit prendre des médicaments toutes les quatre heures. Je suis sûr qu’elle souffre beaucoup » sans son traitement, s’est inquiété un de ses proches, Abdul Alim.
Le ministère français des Affaires étrangères a également exprimé « ses craintes sur (l’) état de santé (de Marie Dedieu) », confirmant qu’elle suivait un traitement médical. La DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), les services secrets français, vont par ailleurs prendre part aux recherches.
Les autorités kenyanes ont envoyé des émissaires pour tenter de négocier sa libération.
Enlevée dans la nuit de vendredi à samedi près de Lamu (est du Kenya), Marie Dedieu, était dimanche aux mains de ses ravisseurs en Somalie, avec qui les autorités kényanes tentaient d’entrer en contact pour obtenir sa libération, selon des sources concordantes.
La Française, qui a besoin d’un traitement médical constant dont elle est désormais privée, vivait depuis une quinzaine d’années dans l’archipel de Lamu, où elle était parfaitement intégrée, ont témoigné ses proches sur place. A la suite d’un accident il y a plusieurs années, elle ne peut se déplacer qu’en fauteuil roulant, que ses ravisseurs ont laissé derrière eux.
Faute d’avoir pu arrêter les ravisseurs, les autorités kényanes tentaient dimanche de négocier avec eux, dans le petit village côtier somalien de Ras Kamboni où serait détenue l’otage.
« Combattre les ravisseurs ne peut pas donner de bons résultats car ils sont déjà sur un autre territoire, ils ne sont plus du côté kényan », a indiqué à l’AFP un haut responsable s’exprimant sous couvert de l’anonymat.
« C’est à ce moment là que les négociations peuvent être utiles et nous avons déjà envoyé des émissaires pour établir le contact » avec les ravisseurs à Ras Kamboni, a ajouté cette source, dont les propos ont été confirmés d’une autre source proche du dossier.
Marie Dedieu, 66 ans, a été enlevée dans la nuit de vendredi à samedi, à son domicile sur l’île de Manda, en face de celle de Lamu, par dix hommes armés apparemment très bien renseignés. Elle et son compagnon kenyan John Lepapa étaient en effet revenus à Manda mercredi seulement, de retour d’un séjour en France, indique-t-on de source diplomatique française.
Après l’enlèvement, un bateau chargé de huit soldats kényans a tenté de rattraper les ravisseurs partis par voie de mer, mais leur embarcation a chaviré dans la fusillade qui a suivi, et deux soldats sont portés disparus depuis, a indiqué dimanche le chef de l’administration de Lamu, Stephen Ikua.
Les ravisseurs ont pu, eux, rallier Ras Kamboni, un ancien bastion des insurgés islamistes shebab, fief aujourd’hui de plusieurs groupes armés.
M. Ikua a indiqué dimanche à l’AFP que l’enlèvement « avait dû être (perpétré par) les shebab ».
Mais les ravisseurs, qui parlaient semble-t-il somali, pourraient aussi bien être des bandits ou des pirates, quitte à ce qu’ils monnayent ensuite leur otage auprès des shebab, indique une autre source proche de l’enquête.
Il s’agit du deuxième enlèvement d’une étrangère en moins d’un mois près de Lamu — un archipel distant d’une cinquantaine de km de la frontière somalienne –, après celui d’une touriste quinquagénaire britannique, Judith Tebbutt.
Cette dernière avait été kidnappée dans un village de vacances de luxe encore plus près de la Somalie que l’île de Manda. Judith Tebbutt — dont le mari avait été tué dans l’attaque — a été emmenée en Somalie par des pirates, et aucune demande publique de rançon n’a été formulée.
Marie Dedieu « doit prendre des médicaments toutes les quatre heures. Je suis sûr qu’elle souffre beaucoup » sans son traitement, s’est inquiété un de ses proches, Abdul Alim.
Le ministère français des Affaires étrangères a également exprimé « ses craintes sur (l’) état de santé (de Marie Dedieu) », confirmant qu’elle suivait un traitement médical. La DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), les services secrets français, vont par ailleurs prendre part aux recherches.
Les deux enlèvements portent un terrible coup au tourisme qui assure la plus grande partie des revenus de l’archipel de Lamu.
La France a « formellement déconseillé » à ses ressortissants de s’y rendre, et la Grande-Bretagne a déconseillé « tout déplacement non essentiel à moins de 150 km » de la frontière avec la Somalie.
« Il faut un changement général de la façon de patrouiller, des patrouilles plus sérieuses le long de la côte », a estimé Omar Mohamed, propriétaire d’une maison d’hôte à Lamu, qui « craint (sinon) qu’un autre incident ne se produise ».
« Si les touristes ne viennent plus, c’est comme la mort pour les gens ici (. . . ). Le tourisme représente 85 ou 90% (des revenus) à Lamu », a déclaré à l’AFP Abdulla Sultan, un guide de Shela, la plage principale de Lamu.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...