Kenya: à Lamu, les professionnels du tourisme redoutent l’hémorragie

Shela, le petit village de l’île de Lamu, dans l’est du Kenya, en face duquel une Française vient d’être enlevée, a du mal à cacher sa colère. Inquiet d’une hémorragie de touristes, il réclame au gouvernement plus d’efforts en matière de sécurité.

Kenya: à Lamu, les professionnels du tourisme redoutent l’hémorragie © AFP

Kenya: à Lamu, les professionnels du tourisme redoutent l’hémorragie © AFP

Publié le 2 octobre 2011 Lecture : 2 minutes.

Depuis le kidnapping de Marie Dedieu, dans la nuit de vendredi à samedi sur l’île toute proche de Manda, Abdalla Fadhil, un investisseur local, propriétaire du terrain où la Française avait fait bâtir sa maison, affirme que les hôtels de Shela ont enregistré quelque 300 annulations.

Une hémorragie de touristes serait un « désastre » pour la communauté: l’économie locale repose à 90% sur le tourisme, souligne-t-il lors d’une conférence de presse organisée autour de responsables politiques et économiques locaux. Or, insiste-t-il, l’enlèvement est « un incident isolé ». Selon lui, il est survenu parce que personne n’y était « préparé ».

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« A Shela, Manda, rien de similaire ne s’était jamais produit », renchérit Azhar Ali, maire adjoint de Lamu et conseiller de Shela. Mais « nous voulons accroître la sécurité pour que les gens se sentent en sécurité dans notre village (. . . ) Nous demandons au gouvernement de faire plus d’efforts ».

Pour le responsable politique, l’important est de ramener Marie Dedieu « saine et sauve », pas de « se disputer pour savoir qui fait ou ne fait pas son travail.  » Mais il relève qu’une base navale kényane se trouve à la sortie de Shela et s’étonne que personne n’y ait entendu « les coups de feu » la nuit de l’attaque.

Un besoin de « patrouilles plus sérieuses »

Omar Mohamed, un ancien professeur devenu propriétaire d’une maison d’hôte, n’affiche pas la même clémence. Pour lui, il y a eu « négligence, incompétence ».

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Il n’y a pas qu’une seule base navale dans le secteur, souligne-t-il. D’autres, plus importantes, se trouvent sur la côte, en direction de la Somalie où la Française a été emmenée en bateau par ses ravisseurs. Il y a aussi un poste de surveillance américain. Pour lui, les ravisseurs auraient dû être repérés.

« Il faut un changement général de la façon de patrouiller, des patrouilles plus sérieuses le long de la côte, » poursuit-il. « S’ils ne font rien de sérieux, je crains qu’un autre incident ne se produise, » met-il en garde.

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Athman Mohamed, un pêcheur, réclame aussi « plus de sécurité le long de la côte ». Depuis le mois dernier, quand déjà un couple de Britanniques a été attaqué une cinquantaine de kilomètres plus au nord, il n’a vu aucune patrouille lors de ses sorties en mer.

M. Fadhil souligne toutefois que le renfort sécuritaire doit bien se faire en mer, pas sur l’île. Cela ferait fuir les touristes de la même façon, avertit-il.

Shela, situé à une vingtaine de minutes à pied de la ville même de Lamu, patrimoine de l’Unesco, est connu pour attirer un tourisme plutôt haut de gamme. Le village abrite même des résidences secondaires de riches ressortissants étrangers.

En attendant, tous en veulent cependant tout de même un peu aux Français et aux Britanniques d’avoir publié des recommandations déconseillant les voyages à Lamu et aux alentours. « Cela va nous faire du mal, » déplore M. Fadhil.

Un peu plus loin sur le front de mer, Mohammed Abdulrahman Ahmed, capitaine de boutre, attend ses clients du soir. Sur son traditionnel bateau à voile, il va les emmener admirer le coucher de soleil, un grand classique des séjours à Shela.

Les touristes n’ont pas encore complètement déserté, reconnaît-il. Mais sur le bateau, ils n’ont pas vraiment la tête à la croisière, note-t-il. « Ils parlent surtout de ce qui vient de se passer, » explique-t-il. « De ce qui va se passer. « 

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