Wangari Maathai, pionnière africaine de la lutte contre le changement climatique

La Kényane Wangari Maathai, décédée à l’âge de 71 ans, a été la première femme africaine à recevoir le prix Nobel de la paix en 2004 pour son combat contre la déforestation, qui avait fait d’elle dès les années 70 une pionnière de la lutte contre le changement climatique.

Wangari Maathai, pionnière africaine de la lutte contre le changement climatique © AFP

Wangari Maathai, pionnière africaine de la lutte contre le changement climatique © AFP

Publié le 26 septembre 2011 Lecture : 3 minutes.

Wangari Maathai est décédée dimanche dans un hôpital de Nairobi des suites d’un cancer.

Figure du combat écologiste dans son pays dès les années 70, Wangari Maathai a accédé à la notoriété internationale en 2004 avec son prix Nobel pour la paix. Le jury avait alors motivé son choix en louant « l’approche holistique (de Mme Maathai) envers le développement durable, qui englobe la démocratie, les droits humains et en particulier ceux de la Femme ».

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Wangari Maathai, femme dotée d’une forte personnalité et d’une grande énergie, a été une pionnière en Afrique en associant la cause du combat pour l’environnement à celle des droits de l’Homme et des libertés politiques.

Née le 1er avril 1940 à Ihithe, dans le centre fertile du Kenya, Wangari Maathai a été une des rares jeunes kényanes de l’époque à pouvoir bénéficier d’une éducation, grâce à la ténacité de son frère aîné Nderitu qui l’a inscrite dans une école de soeurs catholiques.

Elle a bénéficié dans les années 60 d’une bourse américaine qui lui a permis d’étudier la biologie à Atchison (Kansas) puis à Pittsburgh. Elle est ensuite revenue au Kenya tout nouvellement indépendant, où elle est devenue en 1971 la première femme lauréate d’un doctorat en Afrique centrale et de l’Est.

Mais là où nombre de membres de la nouvelle élite vont profiter, souvent jusqu’à outrance, des privilèges du pouvoir, Wangari Maathai, elle, décide d’utiliser sa position pour aider ces concitoyens plus défavorisés.

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Militante du Conseil national des femmes du Kenya (NCWK), elle prend conscience de la marginalisation de ses concitoyennes et les incite à planter des arbres pour subvenir à leurs besoins de chauffage et de cuisine sans endommager davantage un environnement déjà menacé.

Dans son autobiographie publiée en 2006 intitulée « Insoumise: l’histoire d’une femme », elle raconte comment elle avait vu l’environnement se dégrader dans sa région du Mont Kenya.

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« A l’époque de ma naissance, les paysages autour d’Ihithe étaient riches, verts et fertiles (. . . ) les saisons étaient si régulières », relate-t-elle.

« Aujourd’hui, le climat et l’environnement ont changé » et sont devenus « imprévisibles » dans cette région, déclarait-elle en 2006 à la presse.

Cette idée maîtresse donne naissance en 1977 à son mouvement, le Green Belt Movement, à l’origine depuis de la plantation de plus de 47 millions d’arbres.

Wangari Maathai a également dirigé la Croix Rouge kényane dans les années 70, mais s’est surtout impliquée dans le combat contre le régime autoritaire du président kényan de l’époque Daniel Arap Moi.

Plusieurs fois blessée par les forces de sécurité lors de manifestations, elle a connu à plusieurs reprises la prison.

Après l’avènement du multipartisme et l’élection de Mwai Kibaki en 2002, Wangari Maathaï devient secrétaire d’Etat à l’environnement entre 2003 et 2005.

Elle sera vite déçue de cette expérience, et, quand le Kenya se retrouve au bord du chaos à la suite des violences dans la foulée de la réélection contestée de Kibaki en décembre 2007, elle accuse ce dernier d’avoir « échoué à protéger ses citoyens et leurs biens », ce qui lui vaudra, dira-t-elle, des menaces de mort.

Certaines de ses déclarations controversées sur le sida en 2003 – sur lesquelles elle est revenue – ont suscité des réserves à son égard, notamment de Washington.

Récemment, elle s’était investie dans la sauvegarde de la forêt du Bassin du Congo, deuxième massif forestier tropical au monde.

Mme Maathai a été mariée à un politicien, qui a divorcé d’elle, la laissant avec trois enfants. Son ex-mari lui reprochait d’être « trop instruite, trop forte, trop brillante, trop têtue et trop difficile à contrôler ».

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