Israël et Palestiniens: le risque de l’apartheid débattu en Afrique du sud

Les rapports des Palestiniens des Territoires occupés et des autorités israéliennes suscitent un débat en Afrique du sud où ils éveillent des parallèles avec le système d’apartheid, le régime raciste en vigueur jusqu’en 1994.

Israël et Palestiniens: le risque de l’apartheid débattu en Afrique du sud © AFP

Israël et Palestiniens: le risque de l’apartheid débattu en Afrique du sud © AFP

Publié le 22 septembre 2011 Lecture : 3 minutes.

Ce débat, dont la presse se fait l’écho, s’est amplifié avec l’initiative des Palestiniens à l’ONU, demandant la reconnaissance de leur Etat dans les lignes qui ont séparé les Israéliens et les Arabes entre 1949 et 1967.

« L’Afrique du Sud est le lieu naturel pour débattre de savoir si Israël pratique une forme d’apartheid, pas en Israël même mais dans les Territoires occupés », a expliqué à l’AFP le professeur de droit John Dugard.

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Ancien rapporteur spécial à l’ONU sur les droits de l’homme dans les Territoires de 2000 à 2006, il est également l’un des parrains du Tribunal Russell pour la Palestine. Tribunal des peuples créé en 2009 sur le modèle de celui qui jugea les crimes de guerre américains au Vietnam dans les années 60, le Tribunal Russell est considéré comme une « mascarade » par la diplomatie israélienne.

Il est toutefois pris très au sérieux par des intellectuels sud-africains témoins de la période de l’apartheid, et sa prochaine réunion est prévue au Cap les 5 et 6 novembre.

« Ma propre expérience m’a malheureusement conduit à voir d’importantes similitudes », explique M. Dugard qui cite « discrimination, répression et fragmentation territoriale, les trois aspects dominants de l’apartheid ».

Israël occupe depuis la guerre de juin 1967 la Cisjordanie et la partie orientale de Jérusalem, et ces terres sont réclamées, au même titre que la bande de Gaza, par les Palestiniens pour y installer leur Etat.

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500. 000 colons se sont installés sur ces territoires et un réseau de routes, de postes de contrôle et de garnisons militaires, assurent la communication et la sécurité de leurs communautés. Ce morcellement est dénoncé par les Palestiniens comme un obstacle à la réalisation de leur objectif national.

La mise en cause d’Israël comme un Etat pratiquant l’apartheid est vigoureusement contesté par des sud-africains qui prennent part au débat ouvert dans les journaux, et notamment le grand quotidien The Star.

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Ainsi dans le courrier des lecteurs du 30 août, Don Krausz dresse la liste des faits prouvant qu’Israël n’a rien à voir avec l’apartheid, citant les plages ouvertes à toutes les races en Israël ou la présence d’une Arabe à la Cour suprême.

Sur la même page, Nazir A Osman dénonce toutefois « un régime raciste qui ignore les résolutions de l’ONU et commet tous les jours de grossières violations des droits de l’homme (. . . ) ».

Pour Ali Halimeh, ambassadeur palestinien à Pretoria, « le débat a toujours existé ici, depuis longtemps. C’est un débat pacifique et intelligent par médias interposés que nous encourageons ». Interrogé par l’AFP, il estime que « certains faits ou mesures en Israël ressemblent à l’apartheid mais pas le système ».

Depuis 1994, l’Afrique du Sud est un des pays où les Palestiniens ont une ambassade de plein rang. Membre non permanent du Conseil de sécurité, elle votera à l’ONU pour un Etat de Palestine sur la base des lignes d’armistice d’avant la guerre de juin 1967.

La démarche des Palestiniens à l’ONU « suscite beaucoup d’intérêt dans le monde, en Afrique du Sud aussi », constate le numéro deux de l’ambassade d’Israël à Pretoria, Yaakov Finkelstein.

Mais la comparaison d’Israël avec l’apartheid, dit-il, « est fausse et dangereuse. Elle insulte la mémoire de ceux qui ont lutté contre l’apartheid. Ce sont des histoires, des buts, des situations absolument différentes. Elle est utilisé à des fins politiques ».

Récemment, l’intellectuel palestinien Mustafa Barghouti comparait sa lutte avec celle contre l’apartheid. « D’abord on va vers les gens, puis les parlements, puis les gouvernements », a-t-il dit.

« Les Etats-Unis seront les derniers à changer d’avis », a-t-il assuré en rappelant que Nelson Mandela était devenu une star pour beaucoup d’Américains bien avant que les Etats-Unis ne retirent l’ANC de la liste des organisations terroristes.

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