Libye: 60 pays réunis à Paris au chevet de la transition
La communauté internationale se retrouve jeudi à Paris pour engager, autour de la France et de la Grande-Bretagne, la transition démocratique de la « Libye libre », sur fond d’ultimes combats entre la rébellion et le dernier carré des fidèles du colonel Mouammar Kadhafi.
Six mois après avoir accueilli le sommet qui a lancé l’intervention militaire contre le « guide » libyen, Nicolas Sarkozy a convié à 17h00 (15H00 GMT) à l’Elysée, avec le Premier ministre britannique David Cameron, une soixantaine de pays avec l’ambition affichée de concrétiser politiquement la victoire militaire qui a précipité la fin du régime Kadhafi.
« Nous allons tourner la page de la dictature et des combats et ouvrir une ère nouvelle de coopération avec la Libye démocratique », a résumé mercredi le chef de l’Etat devant les ambassadeurs.
Tout auréolé du succès, longtemps incertain, de la coalition dont il fut l’un des fers de lance, Nicolas Sarkozy est décidé à réussir la transition et éviter les « ratages », selon l’expression de ses proches, qui ont marqué celle qui a suivi la chute de Saddam Hussein en Irak.
Pour y parvenir, il a élargi le format de sa conférence en y invitant, outre la trentaine de membres du « groupe de contact » qui ont soutenu les frappes aériennes, les pays qui y étaient jusque-là hostiles ou ont jugé que l’opération de l’Otan dépassait le cadre fixé par les Nations unies.
Membres de la coalition, le Canadien Stephen Harper, l’Américaine Hillary Clinton, l’Italien Silvio Berlusconi et les patrons de la Ligue arabe Nabil al-Arabi et de l’Onu Ban Ki-moon sont attendus à Paris, tout comme des représentants de deux pays arabes clefs dans le dossier libyen, le Qatar et les Emirats Arabes Unis (EAU).
La chancelière allemande Angela Merkel et des ministres chinois, russe ou indien seront également présents.
« Après les divisions qui ont marqué la phase militaire, il s’agit de rassembler la communauté internationale derrière les nouvelles autorités » du pays, le Conseil national de transition (CNT), résume-t-on à Paris.
Premier pays à reconnaître le CNT, la France a renouvelé son onction démocratique à la rébellion. L’Elysée s’est dit convaincu de la volonté de « réconciliation » du CNT et écarté tout « risque » de dérive islamiste.
Mais cette confiance est loin de faire l’unanimité. Pour Nicolas Sarkozy, la réunion de jeudi doit donc servir de « tribune » au CNT pour présenter sa « feuille de route démocratique » et emporter la conviction des pays qui n’ont pas encore reconnu sa légitimité. Dernier en date, Moscou l’a fait jeudi et l’Algérie a signalé qu’elle était prête à suivre cette voie.
Mais, comme ils le répètent dans toutes les capitales, Moustapha Abdeljalil et Mahmoud Jibril doivent d’abord profiter de leur présence à Paris pour présenter leurs besoins urgents en matière de reconstruction. La liste est longue, Tripoli et les villes « libérées » du pays manquent cruellement d’eau, d’électricité, de vivres et surtout d’argent.
Le déblocage des dizaines de milliards de dollars d’avoirs de l’ancien régime libyen gelés dans les banques internationales figurera donc en tête des préoccupations de la réunion de Paris.
A ce jour, seuls trois enveloppes d’1,5 milliard de dollars ou d’euros chacune ont été libérées des comptes américains, britanniques et français, sur un pactole estimé à plus de 50 milliards de dollars.
Très réticentes, la Chine, la Russie et l’Afrique du Sud, qui souhaitent la fin des opérations de l’Otan, n’ont accordé qu’au compte-goutte les demandes de déblocage de fonds. Et d’autres pays, comme la Pologne, ont suggéré une fin de la guerre en échange de leur aide.
Jusque-là, la coalition, France en tête, s’y est opposée. « L’opération militaire durera tant que Kadhafi représentera une menace », dit-on à l’Elysée.
Paris a précisé que le « business » ne figurait pas à son ordre du jour mais la réunion de Paris se déroule sur fond de compétition autour du juteux « gâteau » de la reconstruction. Selon le quotidien Libération, la France aurait conclu un accord avec le CNT lui attribuant 35% du pétrole libyen.
Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a déclaré qu’il n’avait « pas connaissance » d’un tel accord, mais jugé « logique et juste » que les pays engagés aux côtés de la rébellion soient privilégiés dans la période de reconstruction.
A huit mois de la fin de son mandat, Nicolas Sarkozy entend aussi profiter du rôle moteur de la France en Libye pour peaufiner son image présidentielle. « Il est aujourd’hui perçu, aux yeux du monde, comme le champion des droits de l’Homme », résume son ami Brice Hortefeux.
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