Tripoli: les riverains de l’aéroport célèbrent leur « libération »

Les habitants de Qasr ben Ghichir étaient en liesse samedi célébrant en héros le commandant Moktar Lakder qui la veille a dirigé les combats ayant permis de chasser de ce quartier proche de l’aéroport de Tripoli les hommes du « bataillon de Khamis Kadhafi ».

Tripoli: les riverains de l’aéroport célèbrent leur « libération » © AFP

Tripoli: les riverains de l’aéroport célèbrent leur « libération » © AFP

Publié le 27 août 2011 Lecture : 3 minutes.

A une quinzaine de kilomètres du centre, cette banlieue poussiéreuse de la capitale libyenne, aux bâtiments beiges et blancs, était jusqu’alors tenue par les forces loyalistes, d’où elles tiraient sur l’aéroport.

Samedi matin, les rebelles y ont lancé une opération finale de « nettoyage », terminée à la mi-journée, mais craignaient toujours la présence de snipers isolés -comme ailleurs dans Tripoli.

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Peu avant midi, sur un grand-rond point de Qasr ben Ghichir, l’heure est à la célébration. Pendant plusieurs dizaines de minutes, au milieu de la population en liesse, des hommes en armes font crépiter leurs mitrailleuses vers le ciel d’un bleu immaculé, au point que le sol en tremble.

Des milliers de douilles percutées volent partout dans l’air brûlant. De temps en temps, un combattant tire une rafale de son canon antiaérien monté sur un pick-up.

Le drapeau rebelle est hissé sur une citerne d’eau dominant la place et sur le minaret de la mosquée toute proche. A ce spectacle, les hommes se mettent à danser et chantent « Ohé, ohé, ohé, Kadhafi est fini pour toujours! », ou scandent « Allah akbar » de tous leurs poumons.

Lorsque Moktar Lakder paraît, vêtu d’un uniforme couleur camouflage, ceinture de cartouches sur l’épaule, chèche blanc sur la tête, il est accueilli comme une rock-star: les manifestants l’embrassent, lui serrent la main, veulent le hisser sur leurs épaules.

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Selon lui, le convoi de véhicules pro-Kadhafi a fui « vers Bani Walid », localité située à une centaine de kilomètres au sud-est de Tripoli, et réputée très fidèle à Mouammar Kadhafi qui l’a toujours choyée.

« Ce n’était pas un retrait tactique, mais vraiment une fuite », assure-t-il. « On a repris la zone rue par rue, maison par maison, comme Kadhafi l’affirmait. Mais maintenant c’est lui qui fui! »

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De nombreux habitants ont confirmé le départ des voitures du « bataillon de Khamis Kadhafi », fils de l’ex-homme fort libyen, « des Land Cruiser » et « des pick-up avec de l’armement lourd », selon eux. Deux habitants ont aussi évoqué « deux missiles Scud » dans le convoi, ce qui n’a pu être confirmé auprès des combattants rebelles.

Sur le rond-point, un mouton est sacrifié pour fêter la « libération » de Qasr ben Ghichir. Le sang rouge coule dans le sable clair, aux pieds de Saleh Belhaj.

« Nous avons été libérés aujourd’hui! J’ai sacrifié ce mouton, et j’en sacrifierai un autre lorsque Kadhafi aura été capturé! », s’exclame l’ingénieur aéronautique de 42 ans.

Mohammed Fakah, 30 ans, danse dans la foule. « Je suis très, très heureux, ça fait 42 ans » que Kadhafi régnait. « Nous savions que Tripoli était libre depuis une semaine, et pas nous. L’attente a été terrible », confie-t-il.

A ses côtés, Moustafa Kabout, 48 ans, son fils à la main, prévient: « Nous voulons vivre libres et bien. C’est très pauvre ici. Il n’y aura pas de démocratie en Libye sans une économie forte. « 

A l’aéroport international tout proche, les rebelles ne sont pas vraiment d’humeur festive. Ils dorment sous les arcades de béton d’une aérogare -à l’abri des balles.

Selon Bachir al Taibi, commandant en charge de la plateforme, les combattants pro-Kadhafi ont tiré vendredi des roquettes et des obus de mortier sur l’aéroport, détruisant trois avions civils et en touchant plusieurs autres.

« Ils ont spécifiquement visé les avions », précise M. Taibi.

Trois Airbus calcinés sont visibles sur le tarmac, mais les rebelles restent très nerveux dans cet endroit à découvert, craignant la présence de snipers isolés. Quasiment tous les autres appareils sont criblés d’impacts, inutilisables.

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