Piraterie en hausse dans le Golfe de Guinée, le pétrole comme enjeu

Le nombre d’actes de piraterie dans le Golfe de Guinée, au large du Nigeria et du Bénin, a explosé cette année, visant plus la cargaison des tankers dans cette région riche en pétrole que des demandes de rançons.

Publié le 3 août 2011 Lecture : 3 minutes.

Ainsi, lundi, des pirates ont pris le contrôle d’un pétrolier suédois au large du Bénin avant d’en être chassés par la marine de cet Etat.

La semaine dernière, des pirates s’étaient emparés d’un pétrolier italien dans le Golfe de Guinée, avant de relâcher les 23 membres d’équipage quelques jours plus tard.

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Début juillet, un pétrolier grec battant pavillon du Liberia, qui venait d’appareiller du Ghana, a été détourné au large du Nigeria avant d’être relâché deux jours plus tard sans que l’on sache si une rançon a été versée.

Depuis le début de l’année, quinze actes de piraterie au large du Bénin ont été rapportés au Bureau international maritime, aucun l’an dernier.

Au large du Nigeria, principal producteur de pétrole en Afrique, leur nombre est stable selon le BIM qui a enregistré six incidents depuis le début de l’année, autant que l’an dernier, des chiffres que des analystes estiment sous-évalués.

Selon l’analyste indépendant Peter Sharwood-Smith, le phénomène est dû pour une large part au marché noir du pétrole, et n’a pas jusqu’à présent pour mobile le paiement d’une rançon, comme c’est le cas au large des côtes orientales de l’Afrique.

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« Le responsable de ces attaques sont presque certainement des pirates du Nigeria », estime Peter Sharwood-Smith, responsable pour le Nigeria de la société de sécurité Drum Cussac.

« Il s’agit d’une piraterie à une échelle assez organisée, qui vise les pétroliers ou équivalents pour voler les cargaisons ».

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Bien que l’on ne puisse en être sûr, ce spécialiste estime qu’un seul gang en est à l’origine.

Un rapport de Bergen Risk Solutions, une société de consultants basée en Norvège, parvient aux mêmes conclusions que Peter Sharwood-Smith.

« Notre enquête indique que le groupe organisé responsable est basé au Nigeria, avec un appui de haut niveau dans ce pays », souligne-t-il. Des personnalités du géant ouest-africain ont souvent été accusées par le passé d’être impliquées dans le marché noir très lucratif du pétrole.

Le rapport relève qu’avant le mois de mai, ce groupe organisé visait spécifiquement le vol de produits pétroliers, mais qu’il semble depuis s’orienter vers les vols d’autres types, avec la possible participation de malfaiteurs béninois.

Il souligne que des membres d’équipage ont été brutalisés par les pirates lourdement armés, et qu’un marin a été porté manquant et son corps retrouvé plusieurs jours plus tard.

Les cibles des pirates sont souvent des navires à l’ancre au large du Bénin, souligne Michael Howlett, vice-directeur du BIM.

Dans le cas de vol de pétrole, « c’est organisé parce que il faut avoir tout un système en place pour prendre en charge le bateau », dit-il.

Les navires sont d’abord dirigés vers un autre lieu, où une partie de la cargaison est transférée sur un autre bateau.

« Il y a un gros marché noir pour le pétrole, qui peut donc être revendu n’importe où », souligne M. Sharwood-Smith.

Selon Bergen, la cargaison volée est vendue « dans différents ports d’Afrique occidentale, peut-être à Abidjan en Côte d’Ivoire au à Port Gentil, au Gabon ».

Un porte-parole de la marine du Nigeria, Kabir Aliyu, estime que les attaques des pirates ont migré du Nigeria vers le petit Bénin voisin en raison des progrès de la sécurité dans son pays, sans cependant fournir de chiffres à l’appui de ses déclarations. Il a par ailleurs affirmé n’avoir aucune information indiquant que les auteurs des attaques au Bénin pourraient être des Nigérians.

Le chef de la marine du Bénin n’a pu être joint par l’AFP.

Selon le vice-directeur du BIM, « le Bénin est peut-être un objectif plus facile ».

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