RDC: une triple épidémie prospère sur la précarité sanitaire

Pauvreté, faible couverture vaccinale et réticences de certaines populations aux campagnes d’immunisation ont favorisé en République démocratique du Congo des épidémies de choléra et rougeole, qui ont déjà fait plus de 1. 400 morts, et de poliomyélite.

RDC: une triple épidémie prospère sur la précarité sanitaire © AFP

RDC: une triple épidémie prospère sur la précarité sanitaire © AFP

Publié le 28 juillet 2011 Lecture : 2 minutes.

Pays grand comme près de 4 fois la France, avec 71% des quelque 62 millions d’habitants vivant en dessous du seuil de pauvreté, la RDC consacre 3,5% de son budget de 6,7 milliards de dollars à la Santé, loin des 15% préconisés en 2001 lors d’un sommet de chefs d’Etat et de gouvernement africains.

« Le manque de financement crée des lacunes dans la couverture des besoins sanitaires et une incapacité des autorités à faire face aux épidémies, ce qui est propice à leur propagation », estime Luis Encinas, coordinateur des opérations de l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF).

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Plusieurs provinces de la RDC font face ces derniers mois à une résurgence des cas de choléra, rougeole et poliomyélite (poliovirus sauvage, PVS) qui fragilisent plus encore une population dont l’espérance de vie à la naissance est de 47 ans pour les hommes et 51 pour les femmes.

Une épidémie de choléra débutée en mars a tué 279 personnes sur 4. 062 cas, selon le dernier bilan de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Apparue à Kisangani (nord-est), elle s’est propagée vers l’ouest jusqu’à Kinshasa, le long du fleuve Congo.

L’ »effet domino », selon M. Encinas, se produit quand les populations entrent en contact avec les germes de la maladie alors qu’elles sont fragilisées par la malnutrition, des conditions sanitaires précaires ou un accès limité à l’eau potable.

Dans un pays où seulement 22% de la population a accès à l’eau potable, les cours d’eau sont fréquemment utilisés pour boire, cuisiner mais aussi faire ses besoins.

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« L’épidémie de choléra est très souvent liée à la dégradation des conditions hygiéniques et sanitaires », selon le programme Survie du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) à Kinshasa.

« Par contre, la rougeole est beaucoup plus fréquente dans une population où la couverture vaccinale de routine est faible (inférieure à 95%) et où les campagnes de suivi prévues tous les deux à trois ans ne sont pas respectées », ajoute l’Unicef.

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La rougeole a tué plus de 1. 140 enfants depuis le début 2011, contre 82 en 2010. « Cela est dû à la non mise en oeuvre des campagnes de suivi de 2010 et les faibles couvertures du Programme élargi de vaccination de routine suite aux ruptures de stock de vaccins », a indiqué à l’AFP le Dr Kossi Ayigan, coordonnateur du secteur santé de l?OMS à Kinshasa.

Début février, le ministre de la Santé Victor Makwenge Kaput a reconnu qu’une baisse des financements avait lésé la vaccination de routine contre la poliomyélite, alors que le pays avait interrompu la transmission de 2001 à 2005.

« Il a suffi d’une importation (de la maladie) à partir de l’Angola et la détérioration de la couverture vaccinale suite aux ruptures de stocks de vaccins pour que la polio explose encore », déplore le Dr Ayigan.

En 2011, 72 cas de PVS et un décès ont déjà été répertoriés, contre 100 cas et deux décès pour toute l’année 2010, selon l’Unicef.

Alors que des campagnes de vaccination sont en cours contre la rougeole et la poliomyélite, des populations se soustraient au processus d’immunisation, un phénomène fréquent.

« Les vaccins sont gratuits et disponibles, mais certains n’en veulent pas pour des raisons religieuses, culturelles. . . et vont en brousse » pour se soustraire aux vaccinations, regrette le Dr Benoît Kebela Ilunga, du ministère de la Santé.

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