Burkina: Zida annonce la nationalisation d’une entreprise du clan Compaoré
Le Premier ministre du Burkina Faso, Isaac Zida a annoncé samedi à des milliers de manifestants la nationalisation d’une entreprise immobilière appartenant au clan de l’ex-président Blaise Compaoré, chassé du pouvoir par la rue le 31 octobre.
« Vous avez demandé la nationalisation de certaines sociétés que nous connaissons tous. Le ministre de l’Habitat a reçu des instructions pour nommer un directeur général de la Socogib », la Société de construction et de gestion immobilière du Burkina, a déclaré le lieutenant-colonel Zida, s’adressant à des milliers de manifestants.
« C’est le patrimoine du peuple et nous allons le retirer pour le peuple », a lancé M. Zida, s’attirant un tonnerre d?applaudissements au sein de la foule, réunie samedi à Ouagadougou pour le 16e anniversaire de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo.
Créée dans les années 80 dans le cadre d’un vaste programme immobilier, la Socogib, alors en monopole dans ce secteur lucratif, a été cédée pour « 1 franc symbolique » dans les années 90 à Alizèta Ouédraogo, plus connue sous le sobriquet de « belle-mère nationale ».
Mme Ouédraogo, la belle-mère de François Compaoré, le frère cadet de l’ex-chef de l’Etat, est passée, sous le règne de Blaise Compaoré, du statut de secrétaire de direction et petite commerçante à celui de femme la plus riche et la plus puissante du Burkina.
Elle a également racheté pour un autre franc symbolique la Société nationale des cuirs et peaux du Burkina, avant de créer une deuxième société immobilière, Azimmo (Alizèta immobilier) puis de se lancer dans les travaux publics et les services, arrachant régulièrement de juteux marchés pour ses sociétés.
Mme Ouédraogo, qui avait été élue présidente de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCIB), a depuis la chute de Compaoré quitté le pays pour se réfugier au Bénin puis en France.
Blaise Compaoré, après 27 ans de règne, a été chassé du pouvoir le 31 octobre par la rue, qui critiquait vivement l’accaparement des richesses nationales par son clan. Les autorités de transition ont annoncé des sanctions contre l’ancienne élite.
Le président intérimaire Michel Kafando, dès son discours d’investiture, avait dénoncé les « richesses inexpliquées », les « privilèges indus » et les « avantages oligarchiques » du régime déchu.
« Des dossiers des crimes économiques seront ouverts. S’il le faut nous allons nationaliser des entreprises », avait menacé fin novembre le Premier ministre, le lieutenant-colonel Isaac Zida.
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