Dans le nord-est du Kenya, la sécheresse décime le bétail

A Elaada, dans le nord-est du Kenya, Abdi Sheikh Mussa a perdu plus des trois quarts de ses chèvres. Dans son village, comme ailleurs dans la région de Wajir, la sécheresse qui dévaste la Corne de l’Afrique a décimé le bétail et plongé les éleveurs dans la crise.

Dans le nord-est du Kenya, la sécheresse décime le bétail © AFP

Dans le nord-est du Kenya, la sécheresse décime le bétail © AFP

Publié le 21 juillet 2011 Lecture : 2 minutes.

« J’avais 200 chèvres, mais je n’en ai plus que quarante, en très mauvais état », se lamente Abdi Sheikh Mussa.

A quelque deux cents mètres de sa concession, de part et d’autre de la route sablonneuse, des charognes tellement sèches qu’elles n’attirent plus les vautours en témoignent.

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« Voilà ce que sont devenues nos bêtes », glisse l’éleveur sexagénaire. « Nous pouvions, avant la catastrophe, vendre une tête de bétail pour payer l’uniforme scolaire de nos enfants et subvenir à d’autres besoins de la famille. Mais aujourd’hui, nous dépendons entièrement de l’aide » de donateurs, déplore-t-il.

« Les besoins sont immenses, » confirme Benjamin Makokha, du bureau local du Programme alimentaire mondial (PAM). « Chaque jour qui passe aggrave la situation », poursuit le responsable de l’agence onusienne.

Selon les Nations unies, quelque 12 millions de personnes sont touchées dans la Corne de la l’Afrique par une terrible sécheresse, la pire, selon elles, en des décennies. L’ONU, qui a déclaré mercredi deux régions du sud de la Somalie en état de famine, parle aussi de la « plus grave crise alimentaire en Afrique » en 20 ans.

A Elaada également, Mahmud Abdi, 80 ans, avait avant 150 vaches. Il ne lui en reste plus que quatre.

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« Et ces quatre-là n’ont plus d’une vache que les cornes », constate le vieil homme, en serrant son kikoy, ce pagne que les hommes de la région portent fièrement autour de la taille et qui descend jusqu’aux mollets. « Ce sont des carcasses mouvantes. « 

Dans cette région où êtres humains et animaux sauvages se côtoient tous les jours, hyènes et girafes ont aussi succombé à la sécheresse, racontent les habitants.

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Face à l’adversité, certains éleveurs ont pris la direction du sud, vers Harakhokthot, à plus de 100 kilomètres d’Elaada. Là, chèvres, moutons, chameaux et chacals s’abreuvent dans un étang sous les regards d’hommes désoeuvrés, jeunes pour la plupart.

« Les éleveurs ont convergé ici, depuis les secteurs environnants, » explique le chef du village, Omar Abdirahaman. « Mais ils ont laissé en chemin le cadavre de beaucoup de leurs bêtes, » constate-t-il.

« Nos bêtes ont péri et si ça continue, nous risquons de les suivre, » poursuit le responsable. « Faute de détail, il n’y a plus de marché, plus d’emploi, plus de source de revenus, les gens ici n’ont plus rien à faire. « 

A 60 kilomètres encore plus au sud, à Dilmanyaley, quelques vaches étiques sont étendues au bord de la route. Et plus l’immense plaine se déroule, plus ce semblant de vie animale s’estompe.

La monotonie du paysage n’est rompue que par quelques chétifs arbres, des charognes de vaches en partie ensevelies par le sable et sur lesquelles se prélassent des charognards.

S’il a plu au début de l’année à Elaada, Harakhokthot et Dilmanyaley, plus à l’ouest de cette région proche de la Somalie, à Lolkuta, le souvenir des pluies est encore plus lointain.

« Les pluies ne sont pas tombées depuis 2006, » affirme le directeur de l’école locale, Mohamed Adan. Depuis leur naissance, certains de ses jeunes élèves « n’ont jamais vu tomber de gouttes d’eau du ciel, » assure-t-il. « Je suis sûr que le jour où il pleuvra, ils seront nombreux à pleurer. « 

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