Algérie: début du procès des assassins présumés de Lounès Matoub
Le procès de deux auteurs présumés de l’assassinat en 1998, en pleine décennie noire en Algérie, du célèbre chanteur kabyle Lounès Matoub débutera lundi devant le tribunal criminel de Tizi Ouzou, à 110 km à l’est d’Alger.
Malik Madjnoun et Abdelhakim Chenoui sont en prison depuis 12 ans accusés d’avoir participé à l’attentat contre Lounès Matoub perpétré par un groupe de dix personnes, dont huit sont en fuite ou ont été tuées par les forces de sécurité.
« Nous allons demander l’acquittement car il n’existe aucune preuve matérielle de leur culpabilité », a déclaré à l’AFP un de leurs avocats, Me Amine Sidhoum.
« Mieux encore, lors du complément d’enquête, il s’est avéré que sept témoins ont déclaré que les accusés ne se trouvaient pas sur les lieux du crime au moment des faits », a-t-il indiqué. « Le premier était chez lui et le second dans une poissonnerie », a poursuivi Me Sidhoum.
La partie civile représentée par Malika Matoub, la soeur du chanteur, a demandé la convocation de 75 témoins dont la ministre de la Culture, Khalida Toumi, et Said Saadi, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, parti d’opposition) notamment pour avoir déclaré que l’attentat avait été perpétré par des islamistes.
Elle a également demandé que soit entendu Hassan Hattab, ex-chef du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), qui a revendiqué l’assassinat en mai 1999. Hattab s’est rendu en octobre 2007 aux autorités et a été placé depuis en « lieu sûr ».
La presse algérienne a évoqué le possible retrait de la partie civile car le procureur refuse sa demande d’audition des témoins.
Selon le quotidien arabophone El Khabar, Malika Matoub a déclaré qu’elle « n’était pas concernée par ce procès tant que la justice n’acceptait pas ses demandes en tant que partie civile ». Elle a pris cette position après avoir été reçue le 26 juin par l’assistant du procureur général.
En cas de retrait de la partie civile, le juge peut décider de reporter ou de poursuivre le procès, a indiqué une source judiciaire à l’AFP.
Malik Medjnoun avait fait une grève de la faim en mars dernier durant plusieurs jours en mars pour réclamer un jugement.
Le procès a été reporté à trois reprises en 2000, 2001 et 2008 à la demande de la famille du chanteur pour permettre un complément d’enquête et une reconstitution du crime.
Lounès Matoub, chanteur porte-drapeau de la culture et de l’identité berbères, a été assassiné à 42 ans, le 25 juin 1998, par un groupe armé islamiste au lieu-dit Tala Bouinane, à 5 km de Tizi-Ouzou.
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