Mali: à neuf mois des élections, le monde politique commence à s’agiter
Tiraillements sur le fichier et la composition de la Commission électorale, tractations autour des candidatures: à neuf mois des élections générales prévues en avril 2012, le monde politique malien commence à s’agiter.
Ces élections permettront de renouveler les députés et les élus locaux, mais surtout de désigner un successeur au président Amadou Toumani Touré qui, après deux mandats de cinq ans, ne se représente pas, conformément à la Constitution.
Personnalité respectée, le chef de l’Etat, ex-militaire, est peu critiqué par les candidats déclarés ou à venir, qui préfèrent s’en prendre à son administration chargée de préparer les élections, en particulier le ministère de l’Administration territoriale.
Les critiques les plus virulentes tournent autour du fichier électoral et de la composition de la Commission nationale électorale indépendante (Céni).
« Il faut un fichier électoral fiable », estime Tiéman Coulibaly, président de l?Union pour la démocratie (UDD, majorité présidentielle), probable futur candidat. Selon lui, c’est « au gouvernement de prendre toutes les mesures nécessaires. Faisons en sorte que le jour des élections, le scrutin soit crédible, transparent, et sans fraude, et qu?on ne fasse pas voter les morts ».
Après la révision des listes en 2010, il y avait au Mali plus de 8 millions d?électeurs, pour une population estimée à environ 14 millions d?habitants. Le gouvernement envisage de mettre en place un fichier biométrique, avec des cartes d?électeurs informatisées.
C’est urgent, selon les experts, car l?actuel fichier « ne tient pas du tout la route » pour servir de base à l?organisation d’élections équitables.
Fin avril, des organisations religieuses et de la société civile, ainsi que les syndicats, ont créé une Alliance pour des élections régulières et transparentes chargée de surveiller les préparatifs des scrutins.
Pour Sidi Ongoïba, un des dirigeants du parti Solidarité africaine pour la démocratie et l?indépendance (Sadi), seule formation d?opposition représentée à l?Assemblée nationale, la question du fichier électoral importe moins que celle de la composition de la Céni.
« Nous voulons une Céni indépendante qui respecte les règles du jeu », dit-il, ce qui, selon lui, n’est pas le cas actuellement.
« Il y a 15 membres au sein la Céni et selon la clé de répartition, cinq sont de la société civile, cinq de la majorité et cinq de l?opposition. Or la majorité veut nous attribuer un seul siège. Nous ne sommes pas d?accord et il y a blocage », affirme M. Ongoïba.
Dirigé par le cinéaste Cheikh Oumar Sissoko, le Sadi a quatre députés au Parlement et a déjà désigné son candidat à la présidentielle en la personne de Oumar Mariko, ex-leader estudiantin.
Le principal parti de la majorité présidentielle, l?Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma) de l?ancien président Alpha Oumar Konaré (1992-2002), peine à désigner son candidat. Il devrait être connu fin juillet.
Deux poids lourds devraient « à coup sûr » se présenter, selon leurs proches: Ibrahim Boubacar Kéita, ex-président de l?Assemblé nationale, ex-Premier ministre, et Soumaïla Cissé, président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa), tous deux de la majorité présidentielle.
Plusieurs associations maliennes ont en outre demandé au Premier ministre de 2007 à 2011, Modibo Sidibé, de se présenter.
Le nombre de huit candidats à la présidentielle de 2007 devrait être dépassé en 2012, selon les observateurs.
Sur le financement de la campagne, Ousmane Sy, aincien ministre Adéma a jeté cette semaine un pavé dans la mare: « nous avons un pays qui est inondé par l?argent de la drogue et les élections » permettront le « blanchiment de cet argent ».
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