Sénégal: le gouvernement met en garde après les « émeutes des coupures de courant »

Le gouvernement sénégalais a mis en garde mardi soir contre tout nouvel acte « de pillage et de vandalisme », près de 24 heures après des émeutes à Dakar où des habitants excédés par les coupures d’électricité ont incendié plusieurs bâtiments publics.

Sénégal: le gouvernement met en garde après les « émeutes des coupures de courant » © AFP

Sénégal: le gouvernement met en garde après les « émeutes des coupures de courant » © AFP

Publié le 29 juin 2011 Lecture : 3 minutes.

Au moins quatre personnes ont été blessées dans les violences survenues dans la nuit de lundi à mardi, selon des témoignages diffusés sur la télévision publique RTS: un groupement privé de transporteurs a annoncé trois agents blessés et « 44 bus cassés » et un témoin a raconté qu’un gardien d’une résidence a été blessé par des pilleurs.

« Les forces de défense et de sécurité ont été instruites de se déployer partout où besoin sera pour rétablir l’ordre et réprimer avec la dernière énergie et tous les moyens nécessaires ces actes de pillage et de vandalisme », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Ousmane Ngom, dans un communiqué diffusé mardi soir.

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Selon lui, « des enquêtes sont déjà ouvertes pour identifier les auteurs et les mettre hors d’état de nuire » et le gouvernement a pris « toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité des personnes et des biens et le maintien de l’ordre public ».

Dans un communiqué lu par la RTS en fin de soirée, le porte-parole de la présidence, Serigne Mbacké Ndiaye, a exhorté les populations à circuler « en toute quiétude », assurant que « les forces de sécurité contrôlent et maîtrisent parfaitement la situation ».

La nuit précédente, des manifestants avaient bloqué des voies par des barrages de fortune ou des feux, malgré des interventions par endroits forces de l’ordre. Certains avaient aussi saccagé des locaux de la société nationale d’électricité (Sénélec) et des bâtiments publics.

Depuis cinq jours, dix des agences de la Sénélec ont été détruites à Dakar et ses banlieues, ainsi qu’à Keur Massar, Mbour et Thiès (est de la capitale), a précisé à l’AFP un responsable de la société.

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Des scènes d’émeutes similaires s’étaient produites lundi après-midi à Mbour où les habitants ont affirmé être restés 48 heures sans électricité. Selon des médias privés, des « émeutes des délestages » ont également eu lieu lundi à Thiès (ouest), Mbacké et Kaolack (centre).

Le Sénégal est en proie à des coupures régulières d’électricité depuis des mois, qui se sont aggravées ces dernières semaines et touchent la plupart des villes.

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Dans un communiqué, la Sénélec a expliqué faire « face depuis quelques jours à un déficit de production important qui entraîne de nombreux délestages ».

Ces émeutes interviennent après des manifestations dans tout le pays, le 23 juin, provoquées par un projet de loi du président Abdoulaye Wade visant à permettre, dès février 2012, l’élection simultanée d’un président et d’un vice-président avec un minimum de 25% des voix au premier tour.

A Dakar, alors que ce projet de loi controversé était discuté à l’Assemblée nationale, ces manifestations avaient tourné à l’émeute, faisant 102 blessés, dont 13 policiers, selon la police.

M. Wade, 85 ans, au pouvoir depuis 2000 et candidat à sa propre succession en 2012, avait finalement renoncé à faire voter le texte.

L’opposition et la société civile, y compris les chanteurs Youssou Ndour et Didier Awadi, exigent désormais qu’il ne se représente pas en 2012. Et mardi soir, le « Mouvement du 23 juin », coalition de partis d’opposition et d’organisations de la société civile, a appelé à la poursuite des manifestations contre cette candidature.

Le président Wade n’a fait aucune déclaration publique depuis les derniers évènements, qui devraient le retenir à Dakar alors que débute jeudi un sommet de l’Union africaine (UA) en Guinée équatoriale auquel il ne participera pas, selon des sources concordantes à Malabo.

Joint par l’AFP, un responsable à la présidence sénégalaise a indiqué que rien n’était encore arrêté à ce sujet.

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