Ben Ali, de maître tout puissant de la Tunisie à simple justiciable

Longtemps maître tout puissant de la Tunisie, l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali, a été réduit au rôle de simple délinquant par une révolte populaire et va se voir réclamer des comptes devant la Chambre criminelle d’un tribunal de Tunis.

Ben Ali, de maître tout puissant de la Tunisie à simple justiciable © AFP

Ben Ali, de maître tout puissant de la Tunisie à simple justiciable © AFP

Publié le 20 juin 2011 Lecture : 2 minutes.

Mais l’ancien homme fort de Tunisie, dont le procès au civil commence lundi, doit à sa fuite en Arabie saoudite de ne pas avoir à prendre place sur le banc des accusés et son éventuelle condamnation risque d’être largement symbolique.

Zine El Abidine Ben Ali, que ses portraits officiels présentaient le sourire protecteur et la chevelure encore très noire pour ses 74 ans, a fui le 14 janvier, chassé par un soulèvement populaire après un règne sans partage de 23 ans.

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Incontournable président, il avait été réélu en octobre 2009 pour un cinquième mandat avec près de 90% des voix.

Ce spécialiste de sécurité militaire, expert en techniques de maintien de l’ordre, était arrivé au pouvoir le 7 novembre 1987, en déposant le père de l’indépendance Habib Bourguiba, malade et reclus dans son palais, dans ce qui a été qualifié de « coup d’Etat médical », sans effusion de sang.

Ses partisans, et beaucoup de Tunisiens, avaient alors salué en lui « le sauveur » d’un pays à la dérive, le créditant d’avoir jeté les bases d’une économie libérale et étouffé dans l’oeuf le mouvement islamiste Ennahda, accusé de complot armé.

A son actif, une politique sociale dite de « solidarité », avec un fonds spécial destiné aux plus pauvres, le développement d’un système de sécurité sociale et la poursuite des politiques favorables à l’émancipation des femmes et à l’éducation initiées par Bourguiba.

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Il aura, quasiment jusqu’au bout, été considéré par une bonne partie de la communauté internationale comme un rempart contre les islamistes, avec comme bémol quelques critiques -souvent bien timides- sur la lenteur de la démocratisation et les atteintes aux droits de l’Homme.

Au fil des ans, le régime s’était durci ne tolérant aucune opposition, qu’elle émane de la gauche ou des islamistes, avec des milliers d’arrestations dans les années 1990, et une mainmise sur la presse et les syndicats dénoncée par des adversaires pour la plupart en exil.

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Issu d’une famille modeste originaire de la ville côtière de Hammam Sousse, Ben Ali est un militaire de carrière formé à l’Ecole inter-armes de Saint-Cyr en France et à l’Ecole supérieure de renseignement et de sécurité aux Etats-Unis.

Devenu rapidement général, il est nommé patron de la sûreté nationale après des émeutes en 1984, puis ministre de l’Intérieur, poste qu’il cumule en mai 1987 avec celui de Premier ministre jusqu’à la destitution de Bourguiba.

Père de six enfants, dont trois d’un premier mariage, il était souvent accompagné de son seconde épouse Leïla, de plus en plus honnie par une population l’accusant d’avoir, avec son clan familial, mis en coupe réglée l’économie du pays. Après avoir tenté la répression sanglante puis les promesses face à la révolte sociale, le président Ben Ali et son épouse ont finalement choisi la fuite.

Il sera jugé suite à des perquisitions qui ont permis de retrouver des sommes faramineuses en liquide, des bijoux, de la drogue et des armes restées dans des palais présidentiels abandonnés à la hâte.

Un proche de sa famille avait affirmé, apparemment à tort, qu’il avait été victime à la mi-février d’un AVC (accident vasculaire cérébral) l’ayant plongé dans le coma.

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