Tunisie: le procès Ben Ali, une « mascarade », selon son avocat français
Le procès instruit à Tunis à l’encontre du président déchu Zine el Abidine Ben Ali est « une mascarade » et les perquisitions dans ses bureaux « des mises en scène », a affirmé lundi son avocat français Jean-Yves Le Borgne.
« Lassé (du) rôle de bouc émissaire reposant sur le mensonge et l’injustice, le président Ben Ali sort exceptionnellement de sa réserve », écrit Me Le Borgne dans un communiqué transmis à l’AFP.
Selon lui, « les perquisitions effectuées dans ses bureaux officiels et personnels ne sont que des mises en scène destinées à le discréditer » et « le procès que la Tunisie instruit à son encontre n’est qu’une mascarade dont le seul sens est d’illustrer une rupture symbolique avec le passé ».
D’autre part, Zine el Abidine Ben Ali affirme également par le biais de son conseil parisien « qu’il ne possède ni biens immobiliers, ni avoirs bancaires en France non plus que dans un autre pays étranger ».
« L’opinion, souvent guidée par la presse, s’est enfermée dans un manichéisme élémentaire selon lequel le régime politique tunisien d’hier est responsable de tous les maux et coupable de tous les crimes », déplore l’avocat.
« Ainsi cultive-t-on la haine envers le président Ben Ali et ceux qui, parents ou collaborateurs, ont été à ses côtés », poursuit-il, estimant que cette détestation et ce culte du regard en arrière tiennent lieu de légitimité au pouvoir transitoire et confus actuellement en place » en Tunisie.
Le ministère tunisien de la Justice a annoncé la semaine dernière que le président déchu et son épouse Leila Trabelsi, en fuite en Arabie Saoudite depuis la chute du régime le 14 janvier, seraient jugés par contumace « dans les jours ou les semaines à venir » pour deux premières affaires.
La première porte sur « la découverte d’armes et de drogues dans le palais présidentiel de Carthage », la deuxième sur 27 millions de dollars en liquide découverts en février par la commission tunisienne anticorruption dans un palais de Ben Ali à Sidi Bou Saïd dans la banlieue nord de Tunis, selon un porte-parole du ministère.
Selon lui, 88 enquêtes au total sont en cours concernant le couple Ben Ali, sa famille et d’anciens ministres et responsables du régime déchu. Elles concernent des cas d’homicides volontaires, abus de pouvoir, malversation, trafic de pièces archéologiques, blanchiment d’argent et violation de la réglementation sur les marchés publics.
Plusieurs pays européens ont gelé les avoirs de l’ex-président tunisien et ceux de sa famille, qui s’était considérablement enrichie pendant ses 23 ans de pouvoir.
M. Ben Ali a fait appel à un avocat libanais de renom, Me Akram Azouri, pour assurer sa défense devant les tribunaux tunisiens et internationaux. « Nous travaillons ensemble », a indiqué à l’AFP Me Le Borgne, vice-bâtonnier du barreau de Paris.
En France, le parquet de Paris a ouvert en janvier une enquête préliminaire pour recenser et identifier l’origine des biens détenus par l’ex-président Ben Ali et son entourage, à la suite d’une plainte pour corruption de trois ONG.
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