Libye: l’Afrique craint une déstabilisation régionale, veut une issue rapide

Intensification des frappes, départ de Kadhafi ou négociations, les pays du Maghreb et du Sahel réclament avant tout une solution rapide à la crise libyenne, craignant une déstabilisation de la région, un risque souligné vendredi au sommet du G8 à Deauville.

Libye: l’Afrique craint une déstabilisation régionale, veut une issue rapide © AFP

Libye: l’Afrique craint une déstabilisation régionale, veut une issue rapide © AFP

Publié le 27 mai 2011 Lecture : 2 minutes.

Le président nigérien Mahamadou Issoufou a dit sa crainte que la Libye se « somalise » et ne « déstabilise » toute la région du Sahel, à la veille de son arrivée à Deauville (nord-ouest) et prévenu qu’il porterait ce débat vendredi au G8.

M. Issoufou, dont la récente élection a mis un terme à une délicate transition démocratique au Niger, a notamment évoqué la menace d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et « d’organisations criminelles de trafic de drogue, de trafic d’armes », ainsi que des « forces centrifuges qui vont en rébellion de temps en temps » au Niger et au Mali.

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« Toutes ces menaces-là aujourd’hui sont amplifiées par la crise libyenne. C’est pour cela que nous sommes convaincus que cette crise nécessite des réponses rapides pour éviter de déstabiliser la sous-région », a ajouté le président nigérien.

Pour le représentant de l’ONG nigérienne Alternative citoyenne, Hamadou Boulama, la situation est d’autant plus critique que la guerre en Libye a déjà chassé de ce pays « près d’un million de Nigériens, qui ont tout perdu et dont une partie constituent une pépinière de recrutement pour les bandes armées, dont certaines travaillent pour Aqmi ».

« Une quantité énorme d’armes circule dans la région, une région qui était déjà hors du contrôle de l’Etat », a-t-il souligné à l’AFP.

Autres voisins de la Libye, l’Egypte et la Tunisie, berceaux du printemps arabe, peinent à rétablir la sécurité nécessaire à une relance du secteur crucial du tourisme.

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« Le G8 devrait encore augmenter la pression sur le régime de Kadhafi », a plaidé Tarek Ben Hiba, membre de la Haute instance chargée d’organiser la transition démocratique en Tunisie.

« La Tunisie a fait face en accueillant plus de 200. 000 réfugiés à sa frontière sud, mais a besoin d’une aide d’urgence très importante », a-t-il dit à l’AFP.

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Il estime que la révolution tunisienne est encore « sérieusement menacée » par « la persistance de noyaux de l’ancien régime (de Ben Ali, tombé le 14 janvier) ». « Des armes circulent, des Libyens et des Algériens ont été arrêtés en possession de bombes et d’armes lourdes », une situation difficile à gérer pour « un gouvernement provisoire qui n’a pas la légitimité d’un pouvoir élu ».

A Paris, le risque libyen pour la région est pris au sérieux.

On évoque dans les milieux diplomatiques, citant notamment des sources de la rébellion libyenne, une possible « implication tchadienne » du côté des forces de Kadhafi et on « se pose la question » du jeu de l’Algérie dans cette affaire.

S’ils s’accordent à réclamer une issue rapide au conflit libyen, les Africains restent divisés quant à la voie à suivre.

L’Union africaine, qui s’est engagée dans une délicate médiation prévoyant un cessez-le-feu et l’instauration d’une période de transition, a appelé jeudi l’Otan à cesser ses bombardements en Libye, à l’issue d’un mini-sommet sur le sujet à Addis Abeba.

Mais l’UA « reste un petit club de chefs d’Etat incapable d’imposer sa vision aux puissances du G8 », déplore Hamadou Boulama, qui aurait préféré une solution « pacifique et africaine » à la crise plutôt qu’une « guerre de l’Otan ».

A Deauville, les dirigeants des grandes puissances ont tranché: ils vont « finir le travail » en Libye, selon le président américain Barack Obama, et ont appelé au « départ » de Kadhafi dans leur déclaration finale.

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