A Tunis, des habitants exaspérés par les soubresauts de violence

Devant son restaurant avenue Habib Bourguiba à Tunis, Mohamed Salah, se dit exaspéré par des violences qui lui ont fait perdre sa clientèle et, comme beaucoup d’autres, il réclame un retour à l’ordre dans la Tunisie agitée de l’après Ben Ali.

A Tunis, des habitants exaspérés par les soubresauts de violence © AFP

A Tunis, des habitants exaspérés par les soubresauts de violence © AFP

Publié le 13 mai 2011 Lecture : 2 minutes.

« Notre pays va vers l’inconnu et il faut élire d’urgence un président pour le sauver car j’ai l’impression de vivre dans les territoires occupés et cela ne doit plus durer », dit-il exténué, en faisant référence aux scènes d’Intifada des territoires palestiniens.

Comme la plupart des Tunisiens interrogés sur l’avenue Bourguiba, épicentre de la contestation anti-gouvernementale, il estime que la « priorité des priorités » est de rétablir l’ordre et de relancer l’économie.

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La révolution tunisienne était avant tout un mouvement qui a puisé sa force sur le terrain social, avec une jeunesse minée par le chômage et par la mauvaise situation économique face à la fortune colossale accumulée par le clan Ben Ali pendant 23 ans.

Après l’effervescence provoquée par la chute du président, le gouvernement de transition ne parvient toujours pas à relancer l’économie et à rétablir la sécurité.

A quelques mètres du restaurant de Mohamed Salah, Abdelhamid, un retraité de 70 ans, lance qu’il veut avant tout le rétablissement de la sécurité même si cela doit provoquer un report des élections d’une assemblée constituante prévues le 24 juillet. « Notre pays, dit-il, est au bord du gouffre sur le plan économique et sans sécurité. il ne peut y avoir des élections libres alors il vaut mieux les reporter à une date ultérieure ».

L’hypothèse d’un report de ce scrutin a été soulevée ces derniers jours par une intervention télévisée du Premier ministre Béji Caïd Essebsi, qui a évoqué la « lenteur » des travaux préparatoires.

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A Tunis, où aucune affiche électorale n’a encore fleuri, Slim un serveur de café lance devant une terrasse bondée: « On ne peut pas bâtir une démocratie dans une atmosphère polluée » par les violences.

De fait, les commerçants de cette avenue, devenue le lieu symbolisant le renversement du régime autoritaire de Ben Ali le 14 janvier avant de devenir un axe où manifestants s’opposent aux forces de l’ordre du nouveau gouvernement, ont pris l’habitude de baisser leur rideau de fer à chaque manifestation pour protéger leur établissement.

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Parmi des passants qui semblent vouloir profiter d’une belle journée estivale, Karima, jeune médecin, estime elle aussi que « la priorité c’est la sécurité ». « Je veux pouvoir sortir librement quand je veux et où je veux notamment à l’approche de l’été. Je veux seulement la paix!, dit-elle, ajoutant être sceptique sur la tenue des élections à la date prévue en raison de l’insécurité.

Après des manifestations réprimées par la police et des pillages, un couvre-feu nocturne a été rétabli le 7 mai à Tunis et sa banlieue.

Elle dit vouloir « sortir de cette situation stressante et ne plus voir de manifestations et ces scènes de violences entre Tunisiens sur l’avenue Bourguiba qui est devenue un champ de bataille ».

Ridha, un enseignant de 55 ans, estime quant à lui, que la « la priorité c’est l’emploi et la sécurité ainsi que le renforcement des acquis relatifs aux libertés fondamentales ».

« Les élections, poursuit-il, ne vont pas aboutir à un vrai changement dans le pays, l’Assemblée constituante telle qu’elle est conçue ne sera pas représentative de la force populaire, des jeunes qui étaient très actifs lors du 14 janvier tout comme les couches sociales défavorisées ».

Un membre de l’UGTT, la centrale syndicale tunisienne, Abdeljalil Bedoui estime lui, que « ce sont des bandes anti-révolutionnaires qui cherchent constamment à provoquer l’instabilité ».

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