Libye: des conseillers militaires et plus de frappes pour aider les rebelles

La coalition internationale va envoyer en Libye des conseillers militaires et augmenter ses frappes aériennes pour aider les rebelles face aux forces de Mouammar Kadhafi, notamment à Misrata (ouest), où deux reporters ont été tués mercredi.

Libye: des conseillers militaires et plus de frappes pour aider les rebelles © AFP

Libye: des conseillers militaires et plus de frappes pour aider les rebelles © AFP

Publié le 21 avril 2011 Lecture : 3 minutes.

Les rebelles ont gagné du terrain dans l’Ouest jeudi matin en s’emparant d’un des postes frontaliers avec la Tunisie.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, de nouveaux raids de l’Otan ont eu lieu sur la région de Khellat Al-Ferjan, au sud-ouest de Tripoli, tuant sept « civils » et en blessant 18, a affirmé l’agence officielle libyenne Jana.

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Des journalistes de l’AFP à Tripoli ont entendu trois explosions lointaines vers 23H00 GMT, en provenance de la région.

Le président du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil, reçu à Paris, a plaidé en faveur d’une « intensification » des frappes, notamment à Misrata, « où la situation est très grave », selon lui.

Le photographe et documentariste britannique Tim Hetherington, 41 ans, qui travaillait pour le magazine américain Vanity Fair, ainsi que Chris Hondros, 41 ans, un photographe américain travaillant pour Getty Images, ont été tués mercredi dans cette ville par un tir de mortier. Deux autres journalistes ont été blessés, selon un reporter de l’AFP présent à l’hôpital de la ville.

Un tir de mortier a également touché mercredi deux médecins ukrainiens, tuant l’homme et blessant grièvement sa consoeur, selon des sources médicales à Misrata, assiégée depuis près de deux mois par les forces fidèles à Mouammar Kadhafi.

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M. Abdeljalil a demandé aux Occidentaux la protection des civils « par n’importe quel moyen », sans réclamer « expressément » l’envoi de troupes de l’Otan au sol, comme l’avait fait mardi l’un des chefs insurgés de Misrata.

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, s’est déclaré « tout à fait hostile » à l’éventualité d’une intervention au sol. En revanche, pour aider la rébellion, la France et l’Italie ont annoncé mercredi, après les Britanniques, l’envoi de conseillers militaires.

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Quelques officiers français effectuent déjà une mission pour conseiller le CNT. Rome va également envoyer dix instructeurs à Benghazi, fief des insurgés dans l’Est libyen, et Londres « moins de 20 militaires ».

Le Premier ministre britannique David Cameron a souligné « l’importance de mettre sous une pression militaire et diplomatique constante » le colonel Kadhafi, lors d’entretiens téléphoniques avec le président américain Barack Obama, le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi et celui du Qatar Hamad ben Jassim.

M. Obama « soutient » la décision des alliés d’envoyer des conseillers militaires et « pense qu’elle va aider l’opposition », a indiqué la Maison Blanche. Mais la chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, a explicitement exclu que les Etats-Unis en envoient eux-mêmes. Washington n’entend également pas déployer de troupes au sol. M. Obama a dit vouloir fournir pour 25 millions de dollars d’équipements « non-létaux » aux rebelles, sous forme par exemple de médicaments, de gilets pare-balles ou de radios.

Le ministre libyen des Affaires étrangères, Abdelati Laabidi, avait déploré mardi l’envoi de conseillers militaires, affirmant qu’une telle initiative « prolongerait » le conflit.

Sur le terrain, les rebelles libyens ont pris jeudi matin le contrôle du poste-frontière près de Wazzan, sur la route reliant la ville libyenne de Nalout à la localité tunisienne de Dehiba, a constaté un correspondant de l’AFP.

Après de brefs combats vers 07H30, les insurgés libyens se sont emparé des bâtiments du poste-frontière et 150 à 200 soldats pro-Kadhafi sont passés, désarmés, côté tunisien pour se protéger.

Plusieurs centaines de rebelles en liesse célébraient cette prise stratégique par des tirs de joie, arborant le drapeau de la monarchie devenu symbole de la contestation contre le régime.

M. Abdeljalil a expliqué sur France 24 que la rébellion avait obtenu des armes soit en les achetant avec de « l’argent libyen », soit en les recevant de « certains amis », sans les identifier. Mais, a-t-il souligné, « elles ne sont pas suffisantes ». « Plus (Kadhafi) reste, plus le sang sera versé », a-t-il déclaré, ajoutant que la rébellion attend « des frappes importantes de la part de la coalition ».

Mais l’identification des cibles reste un problème crucial, selon de nombreux analystes.

L’Otan a appelé les civils en Libye à s’éloigner des forces loyalistes, pour pouvoir mieux mener ses frappes.

Côté humanitaire, le Programme alimentaire de l’ONU (PAM) a commencé à acheminer par voie terrestre, via la Tunisie, de la nourriture pour 50. 000 personnes dans l’extrême ouest du pays. Et à Misrata, où des milliers de migrants sont toujours bloqués, un bateau humanitaire de la Croix-Rouge a accosté mercredi.

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