Buhari, un ex-dictateur qui veut tester la démocratie à la tête du Nigeria
Muhammadu Buhari, ex-dictateur militaire qui avait initié une « guerre contre l’indiscipline » dans les années 80, est le principal adversaire du président sortant Goodluck Jonathan à la présidentielle de samedi.
Ce général à la retraite, âgé de 69 ans, s’est forgé au fil des années une réputation d’incorruptible, ce qui n’est pas rien dans cette puissance pétrolière, gangrenée par les pots-de vin et détournements de fonds.
Cet homme élancé, toujours coiffé d’un petit chapeau bleu, a promis durant sa campagne de rétablir l’ordre dans la nation la plus peuplée d’Afrique, estimant que la corruption et l’indiscipline étaient toujours les principaux problèmes au Nigeria.
Ce musulman de l’ethnie fulani originaire du Nord devrait obtenir de nombreuses voix dans cette région, notamment parce que beaucoup estiment que c’est à leur tour d’exercer le pouvoir et non à un chrétien du Sud comme Goodluck Jonathan. Il est originaire de l’Etat de Katsina, à la frontière avec le Niger.
Buhari se présente sous la bannière du Congrès pour un changement progressif (CPC), un parti créé récemment, essentiellement pour lui qui brigue pour la troisième fois la présidence depuis 1999, année du retour aux régimes civils.
Arrivé à la tête du Nigeria le 31 décembre 1983 à la faveur d’un coup d’Etat, il a à son tour été renversé lors d’un putsch en août 1985. La « guerre contre l’indiscipline » qu’il a menée pendant ses 20 mois au pouvoir visait à instaurer l’ordre public dans un pays souvent décrit comme chaotique.
Son régime a notamment été marqué par l’exécution publique de trois Nigérians condamnés pour trafic de drogue sur une plage en plein centre de Lagos, la capitale économique.
Muhammadu Buhari avait aussi fait arrêter Fela Kuti, célèbre chanteur afrobeat et militant des droits civiques, mort en 1997, ainsi que des hommes politiques influents soupçonnés de corruption. Dans l’un des cas les plus célèbres concernant un ancien ministre qui s’était évadé en Grande-Bretagne, le général l’avait fait droguer puis mis dans un conteneur embarqué sur un navire à destination de Lagos. Les douanes britanniques avaient finalement empêché ce voyage.
L’écrivain nigérian Wole Soyinka, lauréat du prix Nobel de littérature, a dénoncé la « terreur » imposée par Buhari durant son régime, d’autres ont parlé d’un Etat policier.
Muhammadu Buhari qui a les dents du bonheur, s’exprime calmement et a généralement fait des discours de courte durée durant sa campagne.
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