Niger: Brigi Rafini, un Touareg énarque à la tête du gouvernement
Brigi Rafini, 58 ans, nommé il y a une semaine Premier ministre par le nouveau président nigérien Mahamadou Issoufou, est un Touareg d’Agadez (nord) formé à l’Ecole nationale d’administration de Niamey et de Paris, réputé pour sa discrétion.
Cet administrateur de petite taille, teint clair et air jovial, arbore de grosses lunettes et porte le plus souvent un turban, à l’instar de nombreux Touareg, communauté vivant dans plusieurs pays du Sahara.
Rafini est né le 7 avril 1953 à Iférouane, une localité aux confins du désert nigérien, dont l’attaque du camp militaire en février 2007 avait sonné le début la deuxième rébellion touareg qui a pris fin en 2009.
« Pas question au 21e siècle qu’il y ait des velléités d’anarchie ou de clivage (. . . ), toutes les ethnies (nigériennes) forment aujourd’hui un seul Etat », avait-il estimé dans une déclaration au quotidien gouvernemental Le Sahel en 2009.
Le nouveau Premier ministre nigérien est marié, père de cinq enfants et, comme 90% de la population nigérienne, il est musulman. Avant de prendre officiellement ses fonctions dans les prochains jours, il doit prêter serment sur le Coran.
Après des études primaires à Agadez, Brigi Rafini a été formé à l’Ecole nationale d’administration (ENA) de son pays et est aussi diplômé de l’Institut international d’administration publique (IIAP) de Paris ainsi que de l’ENA en France d’où sortent les élites politiques de ce pays.
Plusieurs fois sous-préfet, il entre pour la première fois au gouvernement en 1987 comme secrétaire d’Etat au ministère de l’Intérieur, avant d’être promu un an plus tard ministre de l’Agriculture et de l’Environnement.
De 1989 à 1991, Brigi Rafini occupe le poste de président du Conseil national de développement, une assemblée consultative de 140 membres créée à l’aube du multipartisme par la junte au pouvoir.
En 2004, il est élu maire d’Iférouane et député de la région d’Agadez pour le Rassemblement pour la démocratie et le progrès (RDP), parti du président Ibrahim Baré Maïnassara qui a été assassiné en 1999 par des éléments de sa propre garde.
Le RDP, qui fut un allié du président déchu Mamadou Tandja, a soutenu la candidature de son opposant de toujours, Mahamadou Issoufou, au second tour de l’élection présidentielle du 12 mars dernier. Brigi Rafini a récemment démissionné de cette formation pour le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) de M. Issoufou.
« M. Rafini est un bon choix qui donne le signal du rassemblement des Nigériens », a commenté sur la télévision publique Hassoumi Massaoudou, directeur de cabinet du président Issoufou.
Pour Alkashe Alhada, un autre responsable à la présidence nigérienne, « que la communauté touareg soit représentée à un tel niveau de responsabilité est plutôt une bonne chose ».
De nombreux Nigériens ont aussi salué la nomination de Rafini en raison de son « expérience », sa « sagesse » et sa « pondération ».
Pour les analystes, cette nomination répond, de plus, au souci de la communauté touareg qui se plaint souvent d’être « marginalisée ».
Cette « marginalisation » supposée a poussé de 2007 à 2009 de jeunes Touareg d’Agadez à la révolte armée pour réclamer une meilleure « insertion » dans l’administration et une « juste répartition » des revenus de l’uranium extrait dans leur zone.
Malgré sa richesse en uranium, le Niger demeure pauvre, avec des crises alimentaires récurrentes. Ce pays enclavé, aux deux-tiers désertique, est aussi sous la menace d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui y a multiplié depuis 2008 les rapts d’Occidentaux.
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