Côte d’Ivoire: Gbagbo assigné à résidence, réconciliation et sécurité pour Ouattara
Le président ivoirien, Alassane Ouattara, a pris les rênes d’un pays à la dérive avec la mission immense de réconcilier une nation divisée et de rétablir la paix et la sécurité, au lendemain de l’arrestation de son rival Laurent Gbagbo, assigné à résidence mardi soir.
« Monsieur Laurent Gbagbo a été appréhendé par les militaires des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) et mis à la disposition des autorités gouvernementales », a indiqué mardi soir le gouvernement.
« En attendant l’ouverture d’une enquête judiciaire, Monsieur Laurent Gbagbo et certains de ses compagnons font l’objet d’une mesure d’assignation à résidence », a-t-il précisé.
Le chef du Front populaire ivorien (FPI), parti de l’ex chef d’Etat, Pascal Affi N’Guessan, a dénoncé « un coup d’Etat perpétré par l’armée française » et condamné une opération « qui vise à installer par la force M. Ouattara et qui ne règle aucun problème, ni celui de la légitimité, ni celui de la légalité constitutionnelle ».
« Le pays est coupé en deux, on ne peut pas contraindre par la force les partisans de Laurent Gbagbo à soutenir M. Ouattara », a souligné M. Affi, qui a demandé la libération de M. Gbagbo et « l’ouverture de négociations en vue de réunir les conditions de l’apaisement et jeter les bases de la réconciliation nationale et de la stabilité du pays ».
Le président des Etats-Unis, Barack Obama, a appelé M. Ouattara pour le féliciter de sa prise de fonctions « en tant que président démocratiquement élu » et l’assurer de son soutien.
« Les deux dirigeants (. . . ) ont insisté sur l’importance de voir des atrocités présumées faire l’objet d’enquêtes et de voir ceux qui les ont perpétrées, quel que soit le parti qu’ils aient soutenu, répondre de leurs actes », a indiqué la Maison Blanche.
Désiré Tagro, ex-ministre de l’Intérieur et homme à poigne du régime Gbagbo, est décédé mardi dans des circonstances encore troubles, au lendemain de son arrestation avec M. Gbagbo, a-t-on appris de sources concordantes.
Après l’assaut mené contre la résidence présidentielle par les forces de M. Ouattara il avait été conduit au Golf Hôtel, comme le président déchu, ont indiqué une source du camp Ouattara et un diplomate en poste à Abidjan.
« Réconciliation », « retour à l’ordre et au calme », « espérance », les premiers mots de M. Ouattara après l’arrestation du président sortant, ont exprimé sa volonté « de tourner une page ».
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a estimé que la Côte d’Ivoire disposait désormais d’une « occasion historique » pour promouvoir la réconciliation nationale, établir un gouvernement d’unité nationale et rétablir l’autorité de l’Etat.
M. Ban Ki-moon a demandé à M. Ouattara, reconnu internationalement comme le président élu après le scrutin du 28 novembre, d’éviter un nouveau « bain de sang » et des représailles.
La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a estimé mardi que l’arrestation de M. Gbagbo offrait une chance de mettre fin à la longue crise en Côte d’Ivoire mais a demandé à ce qu’il soit traité correctement.
Les quatre mois de crise ont fait au moins 800 morts dont la moitié à Abidjan, selon l’ONU.
La capitale économique était encore mardi le théâtre de pillages et dans certains quartiers des coups de feu se faisaient entendre, alors que les FRCI avouaient être débordées.
La situation humanitaire est également très difficile dans l’intérieur du pays, notamment dans l’Ouest où les combattants des deux camps ont été accusés par l’ONU et des ONG d’exactions.
Mardi soir, Amnesty International a déclaré que les partisans du président Ouattara « doivent cesser toutes représailles et violences » à l’encontre de ceux de M. Gbagbo.
« Alassane Ouattara doit rétablir la loi et l’ordre en donnant des instructions strictes à toutes ses forces afin qu’elles respectent les droits humains et protègent quiconque contre ces exactions « , a déclaré Véronique Aubert, directrice adjointe du Programme Afrique d’Amnesty International.
Dans son premier discours télévisé lundi soir, M. Ouattara a dit vouloir mettre en place une commission vérité et réconciliation « qui fera la lumière sur tous les massacres, crimes et autres violations des droits de l’homme ».
M. Gbagbo, 65 ans, a été arrêté à l’issue d’une offensive sur sa résidence à Abidjan des FRCI, lancée grâce à l’appui décisif de la force française Licorne et de celle de l’ONU (Onuci) dont les hélicoptères ont mené des frappes intenses depuis dimanche.
Il a été conduit avec son épouse Simone au Golf Hôtel, QG d’Alassane Ouattara, où il se trouvait toujours mardi soir.
Le camp Gbagbo a accusé mardi « les forces spéciales françaises » de l’avoir « enlevé » mais Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, a démenti.
La mission de Licorne est « totalement accomplie » et elle doit se replier progressivement sur ses bases, a déclaré le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, De 980 soldats au début de la crise, l’effectif de Licorne avait été porté à 1. 700 depuis février.
La télévision avait diffusé lundi des images de l’ex-président en bonne santé mais visiblement fatigué, juste après son arrestation. D’autres images ont montré son épouse, prostrée, l’air hagard.
La France a débloqué une aide de 400 millions d’euros à la Côte d’Ivoire, l’UE 180 et le président de la Banque mondiale Robert Zoellick a appelé a communauté internationale à reprendre son aide à ce pays.
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