L’Italie délivre des visas temporaires aux migrants tunisiens
L’Italie, confrontée depuis janvier à un afflux d’immigrés tunisiens, a décidé de leur délivrer des permis de séjour temporaires valables dans tout l’espace Schengen, une façon d’impliquer les autres pays de l’Union européenne, en particulier la France.
« Nous avons décidé d’octroyer des permis de séjour temporaires pour protection humanitaire qui permettront (aux migrants tunisiens) de voyager dans les pays de l’espace Schengen », a déclaré jeudi le ministre italien de l’Intérieur Roberto Maroni.
Ce dernier, qui présentait devant la Chambre des députés un accord conclu cette semaine avec les autorités tunisiennes, a aussitôt rappelé que « l’écrasante majorité des immigrés déclarent vouloir rejoindre amis et proches en France ou dans d’autres pays européens ».
Une façon de « vider la baignoire », selon l’expression d’Umberto Bossi, le leader de la Ligue du Nord, parti anti-immigrés et allié crucial au sein du gouvernement de Silvio Berlusconi.
Depuis la chute du président Zine El Abidine Ben Ali à la mi-janvier, 25. 800 migrants, essentiellement des Tunisiens mais aussi des Africains venus de Libye, ont débarqué en Italie, a annoncé jeudi M. Maroni.
Entassés pour beaucoup dans des conditions d’hygiène déplorables sur la minuscule île italienne de Lampedusa, au sud de la Sicile, ces migrants ont été progressivement transférés sur le continent. Mais ces transferts n’ont fait que déplacer le problème vers d’autres régions d’Italie, très réticentes.
Aujourd’hui ils se retrouvent soit dans des centres de rétention « pour identification », soit dans des campements d’immenses tentes bleues installés par les autorités notamment dans les Pouilles, le talon de la Botte. D’autres, qui ont pris la fuite, se retrouvent bloqués aux frontières, tels ces centaines de Tunisiens, bloqués à la gare de Vintimille et systématiquement refoulés lorsqu’ils tentent d’entrer en France.
L’Italie n’a cessé ces dernières semaines de réclamer, pour l’instant en vain, l’aide de l’Union européenne. Les tensions sont montées, notamment avec la France, qui a par ailleurs annoncé mercredi soir de son côté un nouveau tour de vis sur l’immigration, et que Rome ne juge pas suffisamment « solidaire ».
Vendredi, le ministre français de l’Intérieur, Claude Guéant, est attendu à Rome, pour, selon M. Maroni, « définir un système d’intervention commune afin que France et Italie puissent impliquer tous les pays de l’Union européenne ».
Outre ces permis temporaires, l’Italie a promis à la Tunisie une coopération accrue dans la lutte contre l’immigration mais aussi pour son développement à des fins de « prévention ». En échange, Tunis est censé mieux contrôler son littoral et accepter le retour immédiat des immigrés arrivant en Italie après la conclusion de cet accord.
M. Maroni a une nouvelle fois invité l’Union européenne à développer sa coopération avec le Sud.
Mercredi, Cécilia Malmström, commissaire chargée de l’Immigration, a adressé une lettre aux Etats dans laquelle elle énumère une série d’actions possibles, notamment un renforcement des moyens d’action de Frontex, l’agence européenne chargée des frontières extérieures de l’UE, et un partenariat avec la Tunisie.
En attendant, l’afflux de migrants en Italie se poursuit. Non seulement de Tunisie, mais aussi de Libye où le régime de Mouammar Kadhafi a cessé de bloquer les portes de l’exil pour des milliers d’Africains.
Jeudi matin, au moins 150 réfugiés somaliens et érythréens étaient toujours portés disparus après le naufrage la veille au large de Lampedusa d’une embarcation partie de Libye.
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